C'est un moment extraordinaire, incroyable, phénoménal !», triomphe Hassan, un étudiant de Casablanca, quelques minutes après la victoire du Wydad 1-0 face aux Egyptiens d'Al-Ahly, en finale retour de la Ligue des champions d'Afrique. Après 25 ans d'attente, le Wydad est à nouveau sur le toit de l'Afrique et c'est tout Casablanca qui laisse éclater sa joie. Dès le coup de sifflet final, cris de joie et coups de klaxons ont retenti à travers les principales artères de la métropole marocaine. Des milliers de Casablancais ont aussitôt investi la place des Nation unies, dans le vieux Casablanca, dans un flot de maillots, fumigènes et écharpes rouges et blanches, aux couleurs de leur club. D'interminables files de voitures ont convergé vers la Corniche, haut-lieu de la vie nocturne de «Casa», provoquant d'immenses embouteillages. «Dima Hamra (le rouge pour toujours) !», s'époumonait un badaud, drapeau rouge et blanc sur les épaules, au milieu d'un concert de klaxons, hurlements et chants. «C'est une fierté pour le Wydad, pour tout le Maroc. C'est vrai qu'ils ont mal joué à la première mi-temps, mais ils se bien sont rattrapés», lance Nassim, un ingénieur de 37 ans qui était au stade Mohammed-V pour assister, avec ses deux enfants, à cette victoire historique. Derrière les Rouge et Blanc, c'est tout le Maroc qui espérait le trophée qui lui échappait depuis 1999 et le sacre du Raja Casablanca, le grand rival du Wydad. «Je suis content pour eux, même si je suis supporter du Raja. C'est comme si c'était le Maroc qui avait gagné. En plus ils ont bien joué», se félicite Redouane, avant de rejoindre des amis à la Corniche pour «faire la fête». Déception au Caire Au Caire, l'ambiance était toute autre. Dans le quartier d'Al Hosary, situé dans la ville du Six Octobre en périphérie du Caire, les cafés et places publiques se sont rapidement vidés après la défaite d'Al-Ahly. Nombre de supporters avaient pourtant veillé par centaines pour suivre la finale retour où les diables rouges, vêtus ce soir de bleu, leur ont fait vivre un enfer. Succession interminable de déceptions face à la performance d'une équipe en forme mais incapable de marquer le moindre but et de s'imposer face aux Casablancais. L'anxiété, palpable dès les premières minutes du match au gré des occasions manquées répétées, s'est transformée en véritable angoisse après le but du Wydad (70e). Drapeaux et maillots noir, blanc et rouge, aux couleurs d'Al-Ahly comme de l'Egypte, ont rapidement cessé d'inonder les rues. La ville a alors replongé dans le calme comme après la finale de la CAN-2017, lors de laquelle les Pharaons s'étaient inclinés face au Cameroun (2-1). «Toute l'Egypte supporte Al-Ahly. Quand le club perd c'est comme si c'était l'équipe nationale qui perdait», affirme Alaa, un supporter de 22 ans qui repart déçu avec sa bande d'amis.