«Les chiffres officiels relatifs au travail des enfants en Algérie étaient loin de refléter la réalité, car ils n'englobaient pas la catégorie des enfants activant dans un cadre informel comme les rues et les marchés anarchiques», c'est ce qu'à affirmé, hier le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale contre le travail des enfants. Le même responsable a estimé, d'autre part que le taux avancé l'an dernier (0,5 %) par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité nationale ne reflète pas la situation réelle du phénomène. Il a néanmoins, expliqué que les statistiques réelles sur le travail des enfants au niveau national exigent obligatoirement une coordination avec toutes les composantes de la société civile. Evoquant le phénomène de travail des enfants en Algérie, le Pr. Khiati a cependant, fait état du recul de ce phénomène en Algérie : « bien qu'il demeure une réalité difficile vécu par de nombreux enfants», a-t-il fait observer. Tout en rappelant l'impact négatif du travail sur la personnalité de l'enfant et son parcours scolaire. Il a indiqué dans ce cadre, que les parents assumaient une grande responsabilité, d'où la nécessité de renforcer les dispositions juridiques traitant de ce volet en allant même jusqu'à la pénalisation. Outre, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali a précisé, que le taux du travail des enfants en Algérie est faible. Il a toutefois, mis l'accent sur les efforts consentis par l'Algérie en matière de lutte contre le travail des enfants. S'exprimant à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, le ministre a, par ailleurs évoqué la situation difficile que vivent les enfants palestiniens et qui ne cesse de se dégrader. . Le réseau « Nada » : 70% des enfants exploités économiquement dans le marché parallèle. Outre cela, le président du Réseau national pour la défense des droits de l'enfant «Nada», Abderrahmane Arar a fait savoir qu'un sondage sur l'exploitation économique des enfants dans le marché parallèle entre 2017 et 2018 réalisé par le réseau «Nada » révèle que près de 70% des enfants exploités économiquement dans le marché parallèle exercent une activité commerciale en tant que vendeurs de légumes, de pain, d'articles scolaires et de cigarettes. Il a, par ailleurs révélé que plus de 19% exercent une activité en rapport avec le domaine de la construction et 10% dans des activités de l'agriculture. Le même responsable a ajouté, à cette occasion que ce sondage qui a concerné 5 wilayas (Alger, Sétif, Tipasa, Tizi-Ouzou et Bordj Bou Arreridj) a démontré que 55% des enfants exploités économiquement dans le marché parallèle sont âgés entre 15 et 18 ans, 31% entre 11 et 14 ans et plus de 13% entre 6 et 10 ans, a t-il tenu à affirmer encore. Abordant les difficultés que subissent ces enfants, M. Arar a estimé que le travail à un âge précoce prive l'enfant de son enfance, l'expose à des pratiques nocives comme le tabagisme, voire la toxicomanie et développe en lui le sentiment d'exclusion et d'oppression sociale qui le rend enclin à la violence et au comportement agressif, annonçant, par la même occasion que le Réseau Nada a lancé, dans ce sens, un programme visant la protection des enfants contre l'exploitation économique axé sur la sensibilisation des familles à l'importance pour l'enfant d'évoluer dans un milieu d'éducation et d'apprentissage social et formative et aux dangers de l'exploitation économique des enfants, a-t-il poursuivi. Et afin de protéger de cette frange de la société, le président du Réseau national pour la défense des droits de l'enfant «Nada», Abderrahmane Arar a préconisé, dans un autre sillage, l'introduction d'amendements juridiques élargissant les missions de l'Inspection du Travail en matière de contrôle et d'inspection aux marchés parallèles en focalisant sur la prévention et la vigilance pour protéger les enfants exploités dans le marché parallèle. Pour sa part, la déléguée nationale de protection de l'enfance, Meriem Chorfi a considéré que la protection des enfants contre leur exploitation à des fins économiques relève de la responsabilité de toute la société, estimant primordial que les citoyens adhèrent à la démarche de signalement permettant d'intervenir à temps pour assurer la protection de cette frange de la société contre les dangers induits par cette exploitation.