Après la levée de boucliers des autorités américaines, c'est au tour des investisseurs de sanctionner le géant pétrolier. Le titre de BP s'est effondré de plus de 15 %, jeudi, à la Bourse de Londres. La veille, il avait chuté dans des proportions identiques à Wall Street. Les investisseurs s'inquiètent de l'impact financier de la marée noire sur la compagnie britannique, qui pourrait se chiffrer en dizaine de milliards de dollars. Ils redoutent de plus en plus que BP ne soit contraint de suspendre le paiement de dividendes à ses actionnaires. Face aux craintes des investisseurs, le groupe BP se veut rassurant. Le géant pétrolier britannique a affirmé jeudi 10 juin ne voir «aucune raison» justifiant l'effondrement de son cours à Wall Street et a insisté sur sa bonne santé financière. Pourtant, depuis l'explosion d'une de ses plateformes pétrolières le 20 avril dernier, BP prend l'eau. La compagnie britannique a estimé que la marée noire lui avait déjà coûté près de 1,43 milliards de dollars. Le groupe a au passage répété qu'il était impossible d'évaluer l'addition finale de cette catastrophe. Mais plusieurs analystes la chiffre déjà en dizaines de milliards de dollars. Une facture qui pourrait s'alourdir dans les prochains mois. L'administration du président américain Barack Obama a demandé, mercredi, à la compagnie britannique de verser des compensations aux milliers de salariés du secteur pétrolier, privés de travail. Une annonce qui renforce l'inquiétude des investisseurs dont certains craignent la faillite du groupe. Une pression croissante des autorités américaines Le géant BP fait face à une pression croissante des autorités américaines qui lui ont lancé, mardi, un ultimatum. Le groupe dispose de trois jours pour présenter en détail ses projets de colmatage. Depuis le début de la semaine, la pose d'un entonnoir sur la fuite a accéléré la récupération du brut mais une quantité indéterminée de pétrole continue de s'échapper dans la mer. En fin de semaine prochaine, un appareil supplémentaire devrait être fixé sur l'entonnoir pour récupérer jusqu'à 28 000 barils de pétrole par jour, soit 4,45 millions de litres, a expliqué le groupe pétrolier. Une campagne de communication offensive sur internet Pour contrer la critique, BP a décidé de mener une campagne de communication offensive sur Internet. Une manière de focaliser le débat sur ses tentatives de colmatage et non sur les conséquences désastreuses de l'explosion de sa plateforme pétrolière. Pour «aider» les curieux en quête d'information sur le web, la compagnie a acheté des mots clés comme «marée noire» aux principaux moteurs de recherche (Google, Bing et Yahoo), ce qui permet de diriger les internautes vers son site. Cette nouvelle opération de communication a bien sûr un prix. Mais en ce qui concerne la communication, BP n'hésite pas à la dépense : depuis le début de la crise, la compagnie a investi 50 millions de dollars en spots publicitaires télévisés. Des coûts supplémentaires qui ne devraient pas rassurer les investisseurs.