On les avait qualifiés comme étant quatre terroristes armés jusqu'aux dents, samedi dernier, alors qu'il s'agissait de dangereux malfrats soupçonnés de divers délits criminels. Le plus grave étant l'assassinat, il y a quelques jours, et dans des conditions horribles d'un jeune de 23 ans à proximité de la plage Rizzi Amor. Ces 4 assaillants, du même âge que leur victime, lui avaient arraché les yeux et coupé les deux mains avant de l'abandonner, le corps lardé de plusieurs coups de couteau. Le lendemain, le patron d'une des plus grandes enquêtes criminelles mettait tous ses éléments à leur recherche. Ils sont également accusés de nombreux cambriolages, vols, viols et agressions. Depuis le mois de juin 2010, les quatre malfrats, dont 2 mineurs, écumaient la ville à bord d'une voiture Clio Campus bleue. Ils avaient réussi à créer la psychose au sein de la 4e ville d'Algérie où les passants se faisaient de plus en plus rares dès 18h. Les criminels ont été interpellés, samedi dernier, à la cité des 687-Logements Plaine Ouest. Ils prirent aussitôt la fuite en direction du complexe des loisirs de Sidi Achour où ils furent contraints de s'arrêter à hauteur du barrage fixe. Pas pour longtemps, puisque après avoir blessé à l'aide d'une arme blanche un policier, ils prirent une nouvelle fois la fuite vers le maquis du piémont de l'Edough. C'est là qu'ils furent cueillis un à un le lendemain, affamés, fatigués et transis par le froid. La course-poursuite engagée le samedi en fin d'après-midi n'a pas échappé aux spécialistes de la désinformation. Bien qu'incohérents dans la narration des faits qu'ils imaginaient pour donner plus de crédibilité à leurs propos, les désinformateurs habillèrent les 4 malfrats de tenues afghanes et les armèrent lourdement avec en sus tout un arsenal de munitions et de puissants explosifs. Leur imagination ne s'arrêta pas à ce niveau, car il fallait un lieu et des victimes pour faire confondre vessies et lanternes dans les esprits. Le lieu sera donc Makam Chahid et les victimes, ceux qui y viendront pour participer à la cérémonie de recueillement et de commémoration du 1er Novembre, à savoir les autorités civiles et militaires, les membres de la famille révolutionnaire et les représentants de la presse. Cette désinformation, devenue une véritable culture à Annaba, n'est pas la première. Elle ne sera pas la dernière aussi en l'absence de réaction des services concernés qui semblent avoir une aversion chronique pour toute communication à même de permettre aux citoyens d'être tranquillisés ou de redoubler de vigilance. Et lorsque sur leur insistance, les professionnels de la presse arrivent à disposer de l'information, celle-ci est donnée sous anonymat. «C'est faux. Il n'y a pas eu d'arrestation d'un ou de plusieurs terroristes et pas un seul coup de feu n'a été tiré», a répondu un des responsables des services de sécurité de la wilaya qui a refusé d'être cité. Affirmant qu'il s'agissait de délinquants dangereux armés de couteaux à cran d'arrêt, il a précisé que le véhicule utilisé appartient à l'un d'entre eux, fils d'un homme d'affaires bien connu à Annaba.