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Bataille d'Alger ou bataille d'Algérie ? (VI)
Révolution algérienne
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 11 - 2010

De plus, une bande magnétique, d'usage alors peu courant, pouvait attirer l'attention de la police davantage qu'un disque agrémenté d'étiquettes innocentes. Touri, une nouvelle fois, se charge de l'opération. Non sans audace, il décide de faire passer le disque dans les studios d'enregistrement de la radio colonialiste d'Alger. Et, en une semaine, il réalisa le tour de force d'en tirer douze exemplaires, qu'il remet à Rebbah…
Le seul inconvénient est qu'il s'agit de disques «provisoires», très souples, qu'on ne peut faire tourner qu'une dizaine de fois sur un électrophone sas les détériorer. Mais ce n'est pas très grave : car, une fois hors d'Algérie, ils pourraient aisément être reproduits dans de meilleures conditions techniques : ce qui fut fait dans les pays de l'Est.
Pour faire «sortir» les disques, la direction du FLN profita de la présence à Alger d'une commission comprenant des délégués de plusieurs pays arabes venus en Algérie prendre contact, notamment, avec l'Association des Oulémas, présidée par le cheikh Bachir Ibrahimi.
Chacune de ces délégation emporta un disque. Ainsi, très rapidement toutes les radios arabes purent diffuser et populariser le nouvel hymne national algérien.
Touri n'en resta pas là. Le Front ayant décidé d'interdire aux artistes algériens de participer à toute espèce de spectacle, il proposa de ne pas généraliser cette mesure à l'ensemble du territoire pour lui permettre de mieux aider l'organisation. Ainsi, bizarrement pour ceux qui n'étaient pas informés, le FLN autorisa la poursuite des spectacles dans la seule ville d'Oran.
A cette époque, en effet, beaucoup d'armes et de médicaments, venant du Maroc, arrivaient en Oranie et transitaient par elle vers les autres maquis d'Algérie. Pendant plus de sept mois, Touri réussit à faire transporter d'Oran à Alger, dans les bagages des artistes, de nombreuses armes et toutes sortes de médicaments. Les malheureux comédiens subissaient les quolibets des Algériens, mais bénéficiaient, en revanche, de la sympathie des autorités officielles, ce qui excluait pratiquement la fouille de leurs bagages.
Son contact à Oran était Souyah Houari. Mais une autre femme a joué ici un rôle capital. Avant que Touri en prenne la responsabilité, c'est elle qui assurait les transports d'armes d'Oran à Alger. Deux fois par semaine, cette véritable héroïne, âgée de soixante-cinq ans, faisait le voyage aller et retour pour convoyer armes et munitions. On l'appelait Yema Fathma. Mais les militants, à cause de son courage, avaient fini par la surnommer Zaïma (féminin de zaïm : chef).
Souvent, avant de partir pour Alger, elle se rendait à Marnia ou à Turenne, pour prendre les rapports de l'ALN locale, destinés à Abane. Ses deux contacts principaux étaient Zouyah Houari à Oran et Rebbah Lakhdar à Alger. Arrivée à la gare de la capitale, elle prenait un taxi, avec ses couffins pleins d'armes, recouvertes de fruits.
En descendant de taxi, elle demandait au chauffeur de l'attendre un moment. Puis, prenant l'ascenseur, elle montait chez Rebbah où la mère et l'épouse de celui-ci lui ouvraient. «Femmes, disait invariablement Zaïma, donnez-moi la clé de la chambre de Farid (un des noms de guerre de Rebbah).»
Elle entrait, déposait ses couffins d'armes et de médicaments, ses messages. Elle redescendait alors prendre son taxi : pour retrouver Rebbah, 9, rue Médée. Elle lui remettait la clé, demandait quelques fruits pour se restaurer, et sans bouger, attendait l'heure du prochain train pour Oran.
Arrêtée en 1956, Zaïma fut sauvagement torturée, mais ne dit pas un mot. En même temps qu'elle, son mari et son fils avaient été arrêtés, bien qu'ils ne fussent pas au courant de ses activités.
La grève générale
Donc, le prétexte immédiat de l'action du général Massu à Alger a été la grève de huit jours lancée par le FLN. Il la qualifie d'insurrectionnelle. Mais c'est un mensonge. Le général Massu en avait besoin pour justifier la vaste opération qu'il préparait : lancer ses troupes dans un premier temps contre l'organisation révolutionnaire, ensuite, contre l'en semble de la population révolutionnaire, ensuite contre l'ensemble de la population musulmane que les crimes des ultras et les exactions de la police achevaient de regrouper autour du FLN.
Le premier objectif que s'était assigné Massu, avant d'aller combattre les «katibas» qui l'attendaient dans l'«air pur» des djebels, pour citer le général, c'était de liquider le «réseau terroriste» d'Alger.
Pour rendre acceptable par l'opinion française, aussi bien qu'internationale, la manière dont il entendait y parvenir, il convenait de brandir une menace : celle de l'insurrection généralisée. Le général Massu n'a pas hésité à le faire. Il ranimait du même coup l'inquiétude et le sentiment d'insécurité où vivaient les Européens d'Algérie. Affolés par la recrudescence des attentats qui avaient marqué les dix derniers mois de 1956, ils en rejetaient alors la responsabilité sur le gouvernement français et devaient, dans leur grande majorité, accueillir avec un soupir de soulagement l'«accession au pouvoir» du général Massu.
Enfin, au moment où allait s'ouvrir le débat des Nations unies sur l'Algérie, il n'était pas inutile de «mettre en scène» aux yeux des alliés occidentaux de la France les mesures de répression qu'allait déclencher le général pour la défense de la civilisation du monde dit libre. C'est pourquoi Massu a attribué à la grève des objectifs imaginaires : l'insurrection immédiate, notamment à Alger. Je le répète, cela est complètement faux. Alors membre de fait du CCE, je participais à toutes ses décisions et j'avais moi-même fait une déclaration diffusée par tracts pour proclamer publiquement qu'il ne s'agissait pas d'une grève insurrectionnelle. La presse avait publié des extraits de cette déclaration.
L'enjeu de cette démonstration était à la fois plus complexe et plus profond, et devait avoir des conséquences politiques décisives.
En 1956, le FLN avait réussi à s'implanter dans toute l'Algérie. Mais très évidemment ses militants travaillaient dans l'ombre. Les responsables du Front ont estimé que le moment était venu d'organiser une puissante démonstration de l'unité du peuple algérien autour de son organisation révolutionnaire.
Il s'agissait là d'un geste politique indispensable aussi bien à l'égard des militants, des simples sympathisants que du peuple, tout entier.
Jamais, depuis 1830, une action concertée, organisée, n'avait pu mobiliser, sur l'ensemble du territoire, le même jour, au même moment, des millions d'hommes. Cette grève générale marque, donc, l'un des plus grands moments de l'histoire de l'Algérie depuis le début de l'occupation coloniale.
Dans notre esprit, la grève générale devait atteindre un second objectif : démontrer la non-représentativité du MNA de Messali Hadj que les autorités françaises s'ingéniaient maintenant à opposer au FLN.


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