Les émeutes tournantes se font sans concertation. Sans coordination. Ceci s'explique par le constat qu'il n'y a pas de motivations politiques à la base et qu'il n'y a pas non plus d'objectifs politiques qui leur sont fixés. Ces observations apparaissent validées pour le moment. Un certain nombre de facteurs obligent à prendre compte de la donnée «politique» induite par les émeutes. Fatalement, les émeutes sont lues comme traduisant un certain échec du pouvoir politique. Même en partie seulement, cette perception est inévitable et elle est permanente. Il y a une fâcheuse habitude du pouvoir politique. Quand on dit pouvoir politique, on y intègre également et surtout le gouvernement, même si celui-ci répète à qui veut bien entendre que tout vient du Président, source unique du pouvoir. C'est ce que disait la Coalition du Président Zeroual et c'est ce que dit l'Alliance du Président Bouteflika. Les deux Présidents avec la même majorité présidentielle ? Serait-ce Zeroual qui a légué sa majorité à Bouteflika en lui laissant ses «propres» partis ? La Coalition mettait en œuvre, disait-elle, le programme de Zeroual et l'Alliance dit exactement la même chose, à savoir qu'elle met en œuvre le programme de Bouteflika. Si c'est le même programme, celui-ci appartiendrait en conséquence aux trois partis. Si ce ne sont pas les mêmes programmes, la question se poserait alors de savoir pourquoi ce sont les mêmes partis qui les appliquent et qui n'arrivent pas encore à traiter en amont les facteurs de crise. Dire que le Président est la seule source du pouvoir, cela signifierait que les acteurs devraient attendre les instructions du Président, même quand il s'agit de réfectionner une route communale... S. I.