Depuis sa création en 1957, c'est la première fois que la CAN ne sera pas jouée la même année que la Coupe du monde ou l'Euro. Cette décision a mis fin définitivement au problème de la disponibilité des meilleurs joueurs africains dont la majorité exercent en Europe. On sait, qu'en dépit de la réglementation édictée par la FAF concernant la «libération» du joueur pour la sélection de son pays, les clubs employeurs ont constamment mis la pression sur les capés africains. Et, même en ce mois de janvier, des clubs se sont exécutés à contrecœur. Ceci dit, l'édition de la CAN 2013, tout comme la précédente, s'annonce ouverte en l'absence des deux «ogres» du continent, l'Egypte et le Cameroun, dont les équipes nationales, en fin de cycle, ne sont pas parvenues à se qualifier pour cette phase finale. Cependant, il y aura tout de même du beau monde avec l'éternel favori, la Côte d'Ivoire, le Ghana toujours placé, le nouveau Nigeria, l'Afrique du Sud, la Zambie, qui n'est autre que le champion en exercice, les trois pays du Maghreb, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Mali, l'Angola, la RD Congo et le Togo. Le groupe D, celui de l'Algérie, est considéré comme «le groupe de la mort» étant donné les équipes qui le composent, à savoir la Côte d'Ivoire, l'Algérie, la Tunisie et le Togo. Dans les autres, on s'attend à de belles bagarres pour le billet donnant droit au second tour entre l'Afrique du Sud, le Maroc et l'Angola (groupe A), le Ghana, le Mali et la RD Congo (groupe B), la Zambie et le Nigeria (groupe C). Il est évident qu'il ne s'agit que d'une approche fondée sur le vécu des différentes formations. Car, il faudra attendre les premières escarmouches pour avoir une idée plus précise sur les forces et les faiblesses des participants. Ce qui est certain, c'est que l'Afrique du Sud, avec ses magnifiques stades et installations, sera un cadre idéal pour ce grand rendez-vous du football africain, à un an et demi de l'autre fête du football, la Coupe du monde 2014 qui se déroulera au Brésil. Pour le moment, place à la CAN 2013 et que le spectacle commence ! LES FAVORIS Comment ne pas considérer le onze de la Côte d'Ivoire comme le favori n°1, et ce en l'absence des deux autres spécialistes, l'Egypte et le Cameroun. Plusieurs paramètres militent pour cette «distinction». D'abord, l'effectif est d'une grande qualité, avec des joueurs de talent emmenés par leur emblématique capitaine Didier Drogba qui, à 35 ans, continue à recevoir des propositions de clubs prestigieux, car il a gardé intact son instinct de buteur. En outre, il est bien secondé par les frères Touré, Romaric, Zokora, Gervinho, Arouna Koné, Traoré et la nouvelle vedette, Bony, qui est le meilleur buteur du championnat des Pays-Bas. Leur entraîneur, Sabri Lamouchi, aura la dure mission de mener à bon port cette phalange de stars consacrées au niveau de leurs clubs et même à l'échelle africaine, comme Yaya Touré (Manchester City) qui est double Ballon d'or africain. En raison de l'âge de certains cadres, cette sélection aura une ultime chance de succéder à sa devancière, la Côte d'Ivoire de 1992. Les Ivoiriens devront au préalable se frotter aux deux sélections maghrébines, l'Algérie et la Tunisie. Derrière la Côte d'Ivoire, on placera le Ghana, toujours égal à lui-même, et qui pratique un football offensif qui peut lui valoir de grosses satisfactions, même en l'absence des frères Ayew, de Boateng, Muntari et Essien. Les Ghanéens, drivés par l'ancien international James Appiah, pourront compter sur leur buteur Asamoah Gyan. La RD Congo, constituée par le noyau du TP Mazembé, aura son mot à dire, d'autant plus qu'il sera dirigé par l'excellent entraîneur Claude Leroy, dont ce sera la septième participation. Comment ne pas accorder du crédit à la Zambie, qui n'est autre que le champion en titre et qui aura comme inspirateur le rusé Hervé Renard, dont l'expérience sera précieuse pour son équipe ? Enfin, en dépit des matches amicaux peu convainquants, les Bafana Bafana, à domicile et appuyés par leur public, tenteront de justifier ce qualificatif. En tout cas, les dirigeants sud-africains ont exigé la demi-finale pour renouveler le contrat de l'entraîneur national, Gordon Igesund. LES OUTSIDERS Ils sont cinq, aussi nombreux que les favoris. S'ils n'ont pas hérité de ce dernier statut, c'est parce qu'ils n'ont pas été tout a fait convaincants. Le Mali a comme atout la stabilité du onze titulaire, avec l'ancien Barcelonais Seydou Keita à la baguette. En outre, l'équipe type sera sérieusement renforcée par le Parisien Mohamed Sissoko. Quant au bémol, il est constitué par la situation politique de ce pays. Comment les joueurs réagiront ils face à cette situation ? On en arrive à l'Algérie qui est passée du doute au mois dernier à un réel optimisme le mois suivant. Dans ce large registre des bonnes nouvelles, on citera la guérison des nombreux blessés, les stages de Sidi Moussa et Rustenberg et, enfin, les bonnes prestations face à l'Afrique du Sud et au Platinium Stars où les attaquants se sont réveillés. Halilhodzic a sous la main un effectif de qualité avec qui il entend réaliser une performance qui l'aidera pour la suite de sa carrière en Europe. Lorsqu'un entraîneur se permet de se passer des services de joueurs aussi talentueux que Martins (Levante), Odemwingie, c'est qu'il est confiant en son effectif. En effet, l'ancien international Stéphan Keshi a placé sa confiance «sur des joueurs qui ont faim, qui s'engagent et qui sont fiers de jouer pour leur pays. Pour moi, personne n'est garanti d'avoir sa place. Tous doivent se battre pour l'avoir et la conserver !» a-t-il précisé. Cela signifie clairement que l'équipe type n'était pas encore arrêtée à quelques jours du coup d'envoi de cette édition 2013. Toutefois, des éléments comme Mikel et Moses (Chelsea), Uché (Villaréal), Emenike (Spark Moscou) et Brown (Dynamo Kiev) seront les cadres pour leurs jeunes coéquipiers. De toute façon, le Nigeria pourrait postuler à un grand prix de la régularité, si cette distinction existait. En effet, les Super Eagles sont montés treize fois sur le podium en seize participations. Où se situe la sélection du Maroc actuellement ? Les lions de l'Atlas se sont certes qualifiés, mais sans briller pour autant. En tout cas, figurer dans le même groupe que le pays organisateur n'est jamais un cadeau, d'autant plus que les Bafana Bafana n'ont jamais été battus par les Marocains, en officiel ou en amical. En outre, l'un des pensionnaires de ce groupe n'est autre que l'Angola, c'est-à-dire le genre d'équipes difficiles à manier, car ne nourrissant aucun complexe devant n'importe quel adversaire. Or, dès aujourd'hui, ce sont justement ces Angolais qui se dresseront sur le chemin des Marocains. Un match âpre en perspective. LES AUTRES EQUIPES Sans leur désastreux parcours lors de la préparation en ce mois de janvier, nous n'aurions jamais osé placer l'équipe de Tunisie dans le lot des participants. Sans aucune chance de se distinguer. En effet, à la suite des matches amicaux livrés face à l'Irak, l'Ethiopie, le Gabon et le Ghana, les Tunisiens n'ont donné aucun gage de solidarité tous leurs adversaires ayant pris en défaut l'arrière-garde des «Aigles de Carthage». Pour une équipe déjà réputée par la solidité de sa défense, c'est un constat très inquiétant. D'ailleurs, même le coach de la sélection s'est montré très pessimiste quant aux potentialités de ses protégés «Nous avons présenté un niveau de football médiocre qui ne reflète aucunement le potentiel de l'effectif. Nos trois dernières sorties sont très éloignées du réel niveau technique escompté pour disputer une coupe d'Afrique», a-t-il asséné. Comment les Tunisiens en sont-ils arrivés là ? Des observateurs estiment qu'il s'agit d'un problème psychologique. Si c'est vrai, les dirigeants savent ce qu'il faut faire pour régler cet inquiétant problème. On en arrive au Togo qui figure dans le groupe de l'Algérie. Au complet, l'équipe togolaise paraît intéressante avec la présence de son buteur Adebayor. L'indication la plus significative pour l'Ethiopie reste ce match nul contre son homologue tunisienne. Or, en l'état actuel de la forme des «Aigles de Carthage», ce résultat est tout sauf une performance. Doit-on considérer la formation éthiopienne comme un simple faire-valoir ? Il serait prématuré de franchir ce pas, même si le premier adversaire n'est autre que le tenant du titre, la Zambie. Le 24 janvier prochain, on aura une idée sur les potentialités du Niger qui affrontera les Congolais de la RDC, alors que les Burkinabés en découdront avec les Nigérians. Dure tâche pour ces deux formations, en réel retrait par rapport aux autres participants. Il reste l'étonnant Cap Vert qui a déjà un titre de gloire en se qualifiant après avoir battu l'Egypte, l'équipe la plus couronnée du continent africain. Cette participation, c'est du bonus pour les représentants du pays le moins peuplé participant à une Coupe d'Afrique des Nations. LES ENTRAINEURS Un an seulement après l'édition de la CAN qui s'est déroulée au Gabon et en Guinée équatoriale, seuls trois entraîneurs seront présents en Afrique du Sud, Hervé Renard (Zambie), Samy Trabelsi (Tunisie) et Gernoy Rohr (Niger). C'est dire l'importance de ce changement qui profite nettement à l'école française avec six sélectionneurs à la barre technique, y compris le Franco-Bosnien Vahid Halilhodzic. On retrouvera outre ce dernier, Hervé Renard, Gernot Rohr, Didier Six, Claude Leroy, Paul Carteron et Sabri Lamouchi dont ce sera la première expérience. Bien qu'issus du même moule en ce qui concerne leur formation, ces entraîneurs se différencient par leurs conceptions tactiques. En tout cas, ce sont ces «maîtres d'œuvre» qui participeront à l'évolution du football africain. Grâce à la télévision, les analystes vont pouvoir exercer librement. Ils auront le loisir de disséquer le jeu et donner des indications sur son évolution. Dans les nombreux plateaux des chaînes de télévision, les consultants vont s'en donner à cœur joie, leur rôle étant «d'éclairer» les téléspectateurs, en «expliquant» aussi bien les victoires que les défaites avec l'utilisation de la palette. Décidément la vidéo est à présent un moyen incontournable pour comprendre ce football qui fascine et passionne des millions de fans à travers le monde.