Les habitants et les nombreux passants au niveau de l'avenue Abane-Ramdane, connue sous le nom 'Les Arcades'', ont suivi en direct, hier, une tentative de suicide collectif. Une famille entière, la femme et sa petite fille dans les bras, et le mari sont montés sur une chaise et ont menacé de se jeter du balcon situé au moins à 10 m du sol. Tout a commencé ce matin, lundi, vers 9h quand un huissier de justice, accompagné de la force publique, s'est présenté au domicile du couple pour l'exécution d'une décision de justice, l'expulsion manu militari à l'encontre des occupants des lieux. Apprenant la mauvaise nouvelle, le couple bloque la porte d'entrée et se retire avec la petite fille dans le balcon, donnant sur le grand boulevard, en criant et en appelant au secours. En quelques minutes, la grande artère est noire de monde, des badauds, les services de sécurité et les éléments de la Protection civile. Tout le monde avait les yeux rivés sur le balcon, croyant d'abord à un incendie. Mais la femme, perchée au balcon, crie «à l'injustice», et qu'on voulait «expulser sa famille et qu'elle n'avait pas où aller». Un moment très fort en émotions a été vécu par la foule quand le couple avec la petite fille ont fait le geste de se jeter dans le vide. La moitié de leurs corps était déjà à l'extérieur. Un cri de détresse et de panique, très fort, a jailli parmi la foule. Des femmes étaient en pleurs et d'autres ont quitté les lieux les mains sur les oreilles. Mais on apprend très vite que des éléments de la sûreté de wilaya, de la Protection civile et des psychologues, voulaient juste entrer en contact avec le couple. Celui-ci était pris de panique et menaçait de se jeter si on tentait, encore une fois, de pénétrer dans le domicile. On a assisté aussi à des scènes insolites. C'est le dialogue qui s'est établi entre le couple perché à son balcon et la foule massée sur le trottoir d'en face. C'est une vieille dame qui lui demande «tu as combien d'enfants ?», et l'autre de répondre «je ne sais pas trois ou quatre». La dame se rapproche un peu plus et lui dit «et si tu te suicides, qui habitera la maison que tu ne veux pas quitter ?» Un jeune à son tour tente de calmer la femme, «écoute-moi ma sœur, il y a des institutions qui vont s'occuper de toi, on ne jette pas des enfants dans la rue». Mais on ne sait pas si la femme et son mari étaient dans un état d'esprit pour pouvoir comprendre un tel discours. Un officier de police nous déclare «que ses éléments tentent d'apaiser les esprits, surtout qu'à l'intérieur du domicile il y a au moins un enfant». De leur côté les éléments de la Protection civile étaient présents avec tout le personnel et matériel spécialisé dans les interventions de cette nature. Des psychologues, les longues échelles, les matelas gonflables A midi, un commissaire présent sur les lieux, assure que «la situation est maîtrisée, nos éléments ont pu entrer en contact avec le couple qui se trouve dans un état plus calme». A la question si des assurances ou des promesses ont été données au couple, l'officier répond «ce n'est pas de la responsabilité de la police». D'autre part, selon des témoignages de voisins, l'appartement en question appartient à une société publique, et étant vide depuis quelque temps, le couple a squatté les lieux. Aujourd'hui, après une procédure judiciaire intentée contre les «indus occupants», la société en question a obtenu une décision de justice exécutoire qui prononce leur expulsion.