Ecrit il y a quelques ans, nous pensions que ça changera un jour. Mais le danseur n'oublie jamais hezz lektèf. La salsale est une danse bien de chez nous. Ça traverse en diagonale, en solo, en grappes, en troupe et en troupeau. Ça nargue les feux tricolores au vu des agents de l'ordre. Ça piétine une ligne continue et ça continue son chemin, comme si de rien n'était. Ça gare en troisième position, ça fait ses courses, ça bloque la circulation, ça klaxonne, ça ne dérange personne, l'agent n'ose pas intervenir, cela doit être une grosse légume, le propriétaire de la grosse cylindrée vous toise du haut de ses chevaux vapeur. Il fait peur. Ça chauffe, ça transpire, ça sue, ça crache, ça jette son mégot, ça balance le reste de son sandwich sur le trottoir et son gobelet crasseux et ça ne dérange personne. Ça vend à la criée, sa colle les affiches sur la façade d'un édifice public, ça urine dans le hall d'un immeuble et ça ne semble déranger personne. La cité appartient à tous, mais nul ne se sent concerné. Ça agresse en plein jour, ça rackette tous azimuts, ça saute aux yeux, mais tous se cachent derrière leurs lunettes marqua made « in chaîna ». Ça vend des morceaux de pizza sur un plateau qui n'a pas connu un rinçage depuis sa fabrication. Ça propose de la kalantita aux mouches pour la resservir aux badauds, juste en face du service d'hygiène qui préfère contrôler les établissements bien établis. Ça expose sa marchandise à même le sol, et do, ré, mi, la-fa-mi de la direction du commerce est la première à lui acheter ses articles. C'est à cause du pouvoir d'achat. Et du pouvoir tout court. Et la Cour du pouvoir. Nos enfants ont pris la place des ânes, ce sont eux qui tractent les charrettes pour les installer dans des souks improvisés. Il faut bien qu'ils travaillent, ces gosses. Faut bien qu'ils apprennent à voler de leurs propres ailes. C'est mieux que de voler.