Comme prévu, la défense du groupe El Khabar a annoncé hier son retrait collectif dans l'affaire de cession d'actifs du groupe au profit de Ness-Prod, une filiale de Cevital de l'homme d'affaires Issaad Rebrab. Une décision prise en guise de protestation contre un «simulacre de procès». Les avocats ont expliqué lors d'une conférence de presse au forum du journal Liberté qu'il était vain de continuer à travailler sur une affaire «politique par excellence». Les avocats d'El Khabar avaient rendu publique leur intention de se retirer de l'audience prévue hier pour l'examen au fond de l'affaire du rachat du groupe de presse par Ness Prod, après que le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs a gelé, mercredi dernier, le rachat du groupe. Me Chamma avait déclaré que le collectif de la défense ne voulait pas cautionner «une injustice qu'on sent arriver». Pour lui, il s'agit d'un acte «éminemment politique» et affirme ne plus rien attendre d'une juridiction «qui ne donne pas des assurances». L'avocat a tenu à rassurer l'opinion publique en précisant que la décision a été prise de concert avec leur client et qu'elle «ne veut pas dire aussi qu'on ne va pas faire appel et prendre les décisions qu'il faut». Pour Me Nadjib Bitam, l'un des deux avocats du ministère de la Communication, la décision de la défense est lue comme une tentative d'intimidation de la justice et insiste sur la politisation de l'affaire par la défense d'El Khabar. Ce retrait, dira-t-il, n'aura « aucun effet sur l'affaire » tout en assurant que «le juge va donner une chance pour changer d'avocat. Si cela n'est pas fait, il prononcera son verdict». Pourtant, sitôt le gel de la transaction prononcé, la défense d'El Khabar avait expliqué que ce jugement «n'est pas définitif» expliquant qu'«en référé, le juge prononce le gel provisoire de la transaction alors que le verdict, c'est-à-dire le jugement final, sera annoncé dans l'action en objet qui est l'étape déterminante dans cette affaire». Dans le même sens, Me Farouk Ksentini avait précisé que la décision du tribunal administratif «est une mesure conservatoire qui gèle la transaction jusqu'à ce que le juge se prononce dans le fond de l'affaire». Le tribunal devait se prononcer sur le fond après avoir reçu les mémoires des avocats des deux parties avant le 22 juin pour qu'il puisse, dans les semaines qui suivent cette date, procéder aux plaidoiries des avocats et prononcer un jugement au fond. La défense, après consultation de leur client, peut alors, en vertu de la loi, interjeter un appel du jugement du référé devant le Conseil d'Etat en vertu de l'article 911 et suivant le code des procédures civiles et administratives. Rien ne présageait ce retrait décidé apparemment après la fermeture, dimanche dernier, des studios que KBC louait à un privé pour son émission «Ki Hna Ki nass» prétextant l'utilisation d'un espace sous scellés. Sept personnes, dont le directeur de KBC, ont été convoquées par la justice et trois d'entre elles ont été mises sous mandat de dépôt, dont le dirigeant de la boîte de production qui gère les studios d'enregistrement. Les autorités reprochent à KBC de tourner dans des studios qu'utilisait la chaîne Al Atlas TV fermée depuis par décision de justice.