Le président français, Emmanuel Macron, arrive, en principe, ce mercredi matin, à Alger, pour une visite d'une seule journée, durant laquelle il prévoit entre autres, de donner une conférence aux étudiants. Le programme de la visite que le Président français compte effectuer, le 6 décembre prochain, semble au point puisque l'on avance qu'il va rencontrer les étudiants dans le grand amphithéâtre de l'Université d'Alger «Benyoucef Benkhada». Appelée « Fac Centrale » par les anciens, ce joyau architectural refait peau neuve, le temps d'une visite. Les préparatifs vont bon train depuis quelque temps. Des professeurs ont été interdits d'accès, hier, pour «cause de travaux» leur a-t-on dit. Réfection de ce qui ne fonctionnait plus, nettoiement des toilettes, coups de peinture à ce qui s'est déteint par la force du temps . Pas de cours jusqu'après le passage de Macron qui doit jubiler de rencontrer les étudiants algériens dont il sait, certainement, que la majorité pense déjà à la harga'. L'on dit qu'avant qu'il ne donne sa conférence à la fac, le président français traversera à pied la rue Ben M'Hidi. Il marchera de la place El Emir Abdelkader, en face du milkbar où Zohra Drif a placé une bombe, au temps de la colonisation française, jusqu'à la fac. Il prévoit, dit-on, de rencontrer les représentants de la presse nationale autour d'un dîner. Il est prévu qu'il quitte Alger, le même jour, à 23h. Entre temps, il aura eu une entrevue avec le président de la République à la résidence d'Etat de Zéralda. Ceci, si on fait fi des rumeurs qui circulent dans Alger. Viendra, viendra pas ? C'est en effet, la question que se posent de nombreuses personnes à propos de cette visite. L'on rappelle que c'est Macron lui-même qui l'a annoncé, en premier, par un de ses tweets. C'est-à-dire avant que la présidence de la République algérienne ne l'est faite comme l'exige les usages diplomatiques universels. Un communiqué laconique algérien a été lu plus tard par les médias audiovisuels publics sans aucun commentaire. Quand la France se moque de l'Afrique L'on dit que Ramthane Lamamra alors ministre des Affaires étrangères avait proposé à Macron de faire un détour sur Alger lorsqu'il avait rendu visite aux troupes militaires françaises, en faction au Mali, mais le palais d'El Mouradia avait opposé un non catégorique, à ce détour. Des diplomates algériens qui semblent, pourtant, bien au fait de l'actualité avec l'étranger n'attendaient pas non plus Macron, pour ce mois, mais pour le début de l'année. Ils avaient, cependant, atténué leurs propos par un «les voix du seigneur sont impénétrables. » Elles le sont d'autant quand on sait que les rumeurs qui enflent depuis quelques jours à Alger laissent se poser nombre des interrogations sur ce qui risque de se passer les jours à venir. Il est vrai que ce n'est pas nouveau que le pays vit au rythme de l'état de santé de Bouteflika. C'est une cadence que le pouvoir semble se plaire à entretenir et ce, depuis plus de dix longues années. Le chef de l'Etat aurait été évacué en urgence vers la Suisse, Ahmed Ouyahia aurait démissionné du RND et d'autres rumeurs qui très souvent plongent le pays dans un magma de supputations, les unes plus folles que les autres. «Non, il n'a pas été évacué, c'est une autre personnalité qui l'a été, » nous dit un responsable qui a refusé de donner le nom de « la personnalité évacuée. » On en est toujours dans les polémiques stériles qui mettent l'Algérie dans des situations absurdes. Emmanuel Macron aura peut-être son mot à dire sur une telle situation Ou de faire valoir « les bienfaits de la colonisation» quand il fera son entrée à la fac centrale Dès sa nomination, il a choisi de copier son prédécesseur Nicolas Sarkozy en lui empruntant le ton de l'insolence, la suffisance et l'arrogance. Pourtant, le monde a pensé que si la France a choisi comme président de la République un jeune politique qui a défié les forces partisanes qui ont planté le socle de la République française, c'est qu'elle veut un changement de mentalité, un nouveau souffle qui surpasse, au moins, les lourds contentieux coloniaux. Mais l'initiateur de la République en Marche' (LRM) est venu avec cette fougue de commander, d'instruire et même de narguer, notamment, les Africains, les anciennes colonies françaises. Il donne l'air de débarquer dans ce continent en conquérant. C'est avec un sourire narquois qu'il lâche des plaisanteries sur les chefs d'Etats africains. Il le fait pour plaire aux jeunes Africains, en proie à toutes les combines de pouvoirs incultes installés, renforcés et soutenus le plus souvent par les bons auspices de la France-Afrique, une politique française qui, au fil des temps, a plombé les initiatives démocratiques africaines les plus habiles. «Le défi civilisationnel» de Macron en Afrique Si François Hollande a décrété la fin de cette politique coloniale et néocoloniale dévastatrice, Macron semble l'avoir brandie comme étendard pour (re)venir sur les pas de ses ancêtres. Sauf que la nouveauté est, comme les Etats-Unis, la France veut conquérir les esprits des jeunes Africains en particulier les étudiants. L'ancien Premier ministre français, Dominique De Villepin a tenté une explication aux «discours» de Macron, en Afrique, en soutenant que «il y a un changement de ton et de fond, c'est de parier moins sur les Etats et les chefs d'Etats, par une prise de distance, pour valoriser la société civile, en premier les jeunes, les étudiants ( ) ». Robert Ford, l'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Alger, nous avait expliqué qu' «il est plus sûr de parier sur des jeunes capables de provoquer le changement voulu que de continuer à travailler avec des dirigeants qui se braquent contre toutes les initiatives allant dans ce sens ». Les Français ont pris le relais, en pensant la même chose. «N'ayez pas sur le sujet bêtement une approche post-coloniale ou anti-impérialiste, ça n'a aucun sens, » a lancé Macron devant des centaines d'étudiants burkinabais. Mais, il a avoué, tout au début de sa conférence, à l'université de Ouagadougou, «pardon d'être aussi direct, le défi de l'Afrique est totalement différent, il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel». Le président français a mis en avant «le sous-jacent psychologique qu'il y a derrière votre question » pour répondre à une étudiante ivoirienne qui l'interrogeait sur les capacités d'une centrale électrique (qu'il avait inaugurée) à faire marcher les climatiseurs de l'Université de Ouagadougou. « Je ne veux pas m'occuper de l'électricité, c'est le travail du président ! » a-t-il récrié. Blessé par une telle moquerie, le président ivoirien quitte la salle. « Par contre, du coup, il s'en va, restez-là, il est parti réparer la climatisation, » a ironisé Macron, sous les applaudissements des étudiants ivoiriens. Drôle de prestation d'un président d'une France qui se targue d'être «la mère des démocraties». Entre autre histoire du karcher, Sarkozy avait estimé avant Macron que «le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire». A savoir de quelle histoire parlait-il face au défi «civilisationnel» sur lequel Macron s'appuie, aujourd'hui, pour apprivoiser de jeunes Africains assoiffés de changements et remontés contre leurs dirigeants. Les nouvelles ambitions de l'Elysée A la veille de l'arrivée du chef d'Etat français, l'ambassade de France ,à Alger, a envoyé un communiqué de presse de Campus France Algérie, annonçant la deuxième édition du salon en ligne des études en France, à partir de l'Algérie, pour les 7 et 8 décembre 2017. « Le salon virtuel a pour objectif de toucher l'ensemble de la population étudiante en Algérie et de présenter l'offre d'enseignement supérieur français de manière interactive et innovante », dit le communiqué avec la précision que «pendant 2 jours, 30 établissements d'enseignement supérieur répondront en ligne aux questions des étudiants algériens. » De l'histoire des visas pour les «abonnés» du CCF à Alger, en passant par les moqueries de Macron, dans des pays africains, jusqu'aux hangars des constructeurs automobiles français montés en Algérie, en plus des études en ligne, tout concorde avec les propos « familiers » de Bruno Le Maire, lors de sa visite à Alger, aux côtés de son Premier ministre Jean-Yves Le Drian. (Voir «Le Quotidien d'Oran» du mardi 14 novembre 2017). Le ministre français de l'Economie et des Finances a «proposé une méthode de travail au service de l'efficacité et de cette nouvelle ambition économique entre la France et l'Algérie que souhaite le président de la République. » D'abord, a-t-il dit «je pense qu'il faut qu'au niveau d'un groupe de travail technique, nous puissions identifier les difficultés techniques à lever parce que ces difficultés remontent un peu trop souvent, au niveau des ministres que ce soit Jean Yves ou moi-même, je ne pense pas que ce soit notre rôle de les régler. Une des propositions françaises, Le Maire a estimé qu' «elle est plutôt du ressort politique, c'est que nous puissions dans la perspective du déplacement du président de la République identifier les défis globaux auxquels nous sommes concernés». Des défis que la France de Macron veut relever en comptant sur les jeunes diplômés africains qui devront, au préalable, en évidence, se débarrasser de leurs dirigeants jugés, aujourd'hui, encombrants pour une politique France-Afrique revue et corrigée, conformément, aux nouvelles ambitions de l'Elysée