«En un mois, il y a eu plus de 40 déraillements de trains dans notre région », nous ont affirmé, hier, des cheminots de Constantine, las de voir ce phénomène se poursuivre et se multiplier, emportant dans son sillage et la voie et les machines et les marchandises qui transitent par la région ferroviaire de l'Est. « Aujourd'hui, disent nos interlocuteurs, ce ne sont, heureusement, que des trains de marchandises qui sont victimes des déraillements, mais demain ? De tels déraillements subis par des trains de voyageurs lancés à grande vitesse causeraient d'importants dégâts humains ». Avec la multiplication inquiétante des déraillements, des cheminots de Constantine, parmi lesquels des syndicalistes, nous ont contactés, hier, pour nous signaler les deux déraillements de trains de marchandises en date qui se sont produits dimanche en soirée, le premier au point kilométrique (PK) 52 situé près de la localité de Aïn Bouziane, à la limite des wilayas de Constantine et Skikda. Dans ce cas, il ne s'agit, heureusement, que d'un wagon vide, le seul d'ailleurs qui composait le convoi, qui est sorti de la voie sans se renverser. Néanmoins, ont indiqué nos sources, le trafic a été interrompu sur cette ligne et il le reste pendant cette journée du lundi où les travaux de réparation de la voie sont encore en cours. Le second déraillement s'est produit, également avant-hier, en gare d'El-Gourzi, commune de Ouled Rahmoune, daïra d'El-Khroub, et le train était composé de 3 wagons qui étaient également vides. Mais dans ce second cas le trafic n'a pas été interrompu grâce à la double voie qui existe sur ce tronçon par où les opérateurs peuvent faire circuler les trains. Toutefois, le train de voyageurs qui est arrivé dans cette gare venant d'Alger et se dirigeant à Annaba a été obligé d'arrêter sa course et ses voyageurs ont été transbordés dans des bus et conduits à destination. Contacté hier, M. Zeraidi, directeur du service clientèle à la direction régionale ferroviaire de Constantine, a confirmé les deux déraillements en minimisant toutefois leur impact. Il a déclaré que les déraillements sont imputables au trafic intense qui se déroule sur cette voie et conduit à sa détérioration. « En nombre et en tonnage, la grande majorité du trafic de chemin de fer en matière de transport de marchandises transite par notre région et provient des ports de Jijel et de Skikda », dira-t-il. Selon lui, cette situation va durer encore des années et il faut attendre le lancement des grands projets de renouvellement de la voie pour voir le phénomène des déraillements disparaître ou diminuer. « Mais, de toute façon, a considéré ce cadre de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), on ne peut pas fermer la région pendant une durée de deux ans ou plus, alors que celle-ci constitue un poumon important par lequel respire notre économie dans le domaine du transport de marchandises ».