Algérie Ferries s'est encore distingué, de nouveau dans le mauvais sens, à en croire les déclarations des proches des passagers d' El Djazair II', devant rallier Marseille à partir d'Alger, rapportées par La Provence', un quotidien régional français, dans son édition de vendredi dernier. Le journal reprend le témoignage de Salima qui indique que sa mère et son frère «sont allés, en Algérie, pour se recueillir sur la tombe d'un autre de mes frères. Ils devaient prendre le bateau d'Alger jeudi dernier... Ils n'ont pu le prendre que six jours après !». Jeudi dernier, soit le 10 mai dernier, la compagnie maritime signifie aux passagers que le navire est en panne et ne pourra quitter Alger. «On leur dit qu'il faut revenir tous les jours pour voir si un bateau peut les conduire à Marseille», témoigne Salima. Pour sa part, Nouredine, 33 ans, passager sur le El Djazair II', explique que mardi, lorsqu'un bateau est enfin prêt, pour accueillir à son bord, tous les passagers dont la traversée a été reportée, alors que «certains ont embarqué vers 14h ( ) nous avons finalement quitté le port vers 7h, mercredi». Il ajoute qu'une fois embarqués, des passagers n'ont pu s'acheter de quoi manger, «les machines à carte bleue ne marchent pas, les chèques ne sont pas acceptés non plus». A Marseille, de nombreuses familles sont sans nouvelles des proches, affirme La Provence' qui s'appuie sur le récit de Kamel, venu en train, mercredi soir de Valence pour chercher son père de 90 ans. «J'ai téléphoné à la compagnie, et on m'a assuré que le bateau arriverait à 23h30. Une fois sur place, on m'a informé qu'il arriverait en fait, le lendemain ». Arrivés à bon port, les passagers refusent de débarquer, exigeant de la compagnie de rembourser leur billet. Le Consul général d'Algérie à Marseille, Rouibah Boudjemaâ, se déplacera en personne au port pour mener les négociations. «J'ai pu avoir le P-DG de la compagnie au téléphone et nous sommes tombés sur un accord satisfaisant : 50 % de remise sur le prochain billet des passagers incommodés par cette histoire. Les pannes, cela peut arriver, il faut le comprendre, les passagers ont été pris en charge comme il se doit et un effort a été consenti», dira-t-il. Finalement, les passagers ont commencé à quitter le bateau, à partir de jeudi, midi, après plus de 2 jours à bord. Du côté d'Algérie Ferries, son délégué régional, Kamel Issad, assure que «le bateau devait partir le 14 mai, mais n'est arrivé à Alger qu'à 21h. Il aurait pu appareiller à 2h du matin pour une arrivée à Marseille, à 2h, le lendemain, mais à cette heure-là, les ferries ne sont pas travaillés», le commandant préférant quitter Alger, mardi, à 6h. Il remettra en cause la version de la non prise en charge des passagers, affirmant que ceux «qui avaient fourni un numéro de téléphone, ont pu être prévenus et pris en charge sous forme d'une nuit d'hôtel ou d'une indemnisation, tandis qu'à bord, tout le monde a été logé, y compris les personnes en classe économique, et un repas a été offert à tous». Rappelons que El Djazair II' a été construit en 2005 en Espagne, pouvant accueillir 1.320 passagers et 300 véhicules. En 2017, un incendie s'était déclaré sur le navire Tariq Ibn Ziad, qui se trouvait au nord des îles Baléares, en provenance de Marseille, vers Alger. Selon le communiqué de l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), le feu a pris dans le garage du car-ferry lorsqu'un véhicule appartenant à un passager s'est embrasé. L'incendie qui s'est propagé, rapidement, a causé la calcination d'une trentaine de véhicules mais «a été maîtrisé grâce à l'intervention rapide et efficace de l'équipage entraîné pour de telles situations d'urgence». Le navire a été dérouté au port d'Alcudia (Palma de Majorque) où il avait accosté. Les passagers ont pu embarquer sur le navire El Djazair II, qui faisait route vers Oran en provenance de Marseille qui a été dérouté sur le port majorquin pour les rapatrier au port d'Oran avant de rallier Alger. Le DG de l'ENMTV, Ahcène Guerairia, avait plaidé, en avril dernier, pour un rééchelonnement de la dette de l'entreprise, l'un des principaux obstacles à la réalisation de son programme de développement. Un programme qui aspire à ouvrir de nouvelles lignes maritimes pour le développement du Tourisme et à réaliser des arrangements sur le car-ferry Tariq Ibn Ziyad, dont l'acquisition remonte à 23 ans pour l'orienter ultérieurement vers la navigation côtière nationale pour le transport de marchandises par voie maritime. La compagnie maritime avait déjà bénéficié d'un rééchelonnement de sa dette estimée à près de 1,7 milliard de DA, facture de l'acquisition de 3 car-ferries entre 1995 et 2005 par le CPE, en 2012 sur 8 ans. Le DG a estimé «qu'il est normal que toute entreprise de droit algérien, activant dans ce domaine stratégique, jouisse de l'appui financier de l'Etat pour renforcer sa situation».