L'administration américaine a réitéré l'intérêt et l'engagement à résoudre le conflit au Sahara occidental, exigeant «un mandat robuste» pour la Minurso en mesure de faire progresser le processus onusien. La position américaine a été réaffirmée jeudi, par John Bolton, le Conseiller à la sécurité nationale du président Trump qui a exprimé sa «frustration» devant le blocage que connait la question sahraouie, 27 ans après que l'ONU a institué la Minurso pour organiser un référendum d'autodétermination dans ce territoire. Invité par le groupe de réflexion républicain, Heritage Foundation, pour débattre de la nouvelle stratégie des Etats-Unis en Afrique, le chef du National Security Council (NSC), n'a pas manqué cette occasion pour expliquer la nouvelle démarche américaine pour régler ce conflit gelé. Bolton a expliqué que le mandat de la Minurso est désormais lié aux progrès qu'elle va accomplir sur le terrain pour pousser à une solution politique. «Si nous sommes vraiment déterminés à protéger les innocents dans les zones de conflit, nous devons insister pour que les opérations de maintien de la paix soient responsables, robustes et efficaces», a déclaré John Bolton lors de la présentation de cette nouvelle stratégie, dont une partie a été consacrée aux missions de maintien de la paix déployés en Afrique. «En avril, les Etats-Unis ont fait exactement cela concernant la mission de maintien de la paix de l'ONU au Sahara occidental, vieille de plusieurs décennies. Nous avons demandé une période de renouvellement de la mission de six mois plutôt que d'une année, et nous avons insisté pour qu'un mandat robuste et efficace soit lié à des progrès politiques substantiels», a-t-il ajouté dans l'exposé qu'il a présenté à ce Think Tank Washingtonien. C'est grâce à cette démarche, que «les partis au conflit et les pays voisins clé ont convenu de se rencontrer pour la première fois depuis 2012» à Genève, a enchainé John Bolton. Le conseiller à la sécurité du président Trump a indiqué avoir discuté de la question sahraouie avec le représentant personnel du secrétaire général, Horst Köhler, affirmant que l'ancien président allemand possédait «des idées créatives» pour résoudre le conflit. Bolton qui a annoncé durant ce débat une restructuration de l'aide américaine accordée à l'Afrique, a affirmé que les Etats-Unis n'allaient plus soutenir les missions «improductives». «Nous ne soutiendrons que les opérations efficaces et efficientes, et nous chercherons à rationaliser, reconfigurer ou mettre fin aux missions qui ne sont pas en mesure de remplir leur mandat ou à favoriser une paix durable», a-t-il averti. Bolton qui connait très bien le dossier du Sahara occidental, pour avoir participé en 1991 à l'établissement du mandat de la Minurso, a regretté que les mandats des missions improductives soient renouvelés systématiquement chaque année sans qu'elles obtiennent les résultats escomptés, à savoir mettre fin aux conflits. Pour mieux illustrer la situation, l'ancien ambassadeur américain à l'ONU, a cité une fois encore le Sahara occidental, son «exemple préféré», rappelant qu'un référendum d'autodétermination devait se tenir dans ce territoire il y de cela 27 ans. «27 ans de déploiement, 27 ans et la mission est toujours là, comment pouvez-vous justifier cela ?», s'est-il interrogé en s'adressant au parterre d'ambassadeurs africains, d'ONG et de personnalités américaines qui ont assisté à ce débat. Bolton a estimé qu'il était nécessaire de «focaliser» sur les moyens permettant aux missions de maintien de la paix de l'ONU d'accomplir leurs mandats avec succès. Mais «le succès n'est pas de maintenir ces missions indéfiniment», a-t-il déclaré. Le chef du NSC a soutenu que «les ressources, l'attention et l'effort» déployés dans le cadre de la Minurso «seraient plus productifs», s'ils ont été consacrés au développement des peuples de la région. Le règlement du conflit au Sahara occidental permettra de réorienter les financements alloués à la mission au développement économique, a indiqué l'ancien ambassadeur américain à l'ONU.