Les Algériens restent, pour le moment, à l'écart de cette campagne de boycott des produits français à travers le monde arabe en réaction aux propos du président français Emmanuel Macron, qui avait promis que la France continuerait de défendre les caricatures du prophète Mahomet, lors de la cérémonie d'hommage au professeur décapité par un Tchétchène pour avoir montré ces dessins en classe. Certains internautes tentent bien de propager sur les réseaux sociaux le hashtag incitant à l'adhésion des Algériens à cette campagne de boycott, mais cela reste limité dans l'espace virtuel. Dans les magasins, dans les transactions commerciales et même dans les discussions des citoyens, aucun entrain pour suivre cette vague de boycottage ou une quelconque démonstration d'arrêt des achats des produits français, qui aurait entraîné leur retrait des étagères dans les surfaces commerciales. Et ce, contrairement à d'autre pays arabes, partant du Maroc jusqu'aux pays du Golfe, où la réprimande s'exprime avec force dans le sillage de la réaction du Conseil suprême des oulémas saoudiens, qui trouve les propos du président français malveillants à l'égard de l'islam et des musulmans, non sans souligner que ces insultes n'ont rien à voir avec la liberté d'expression. Comment expliquer cette «défection» des Algériens aux appels incitant au boycott des produits fabriqués en France ? Peut-être que la majorité, n'étant pas des consommateurs de produits français, ne prête pas attention à cet appel. Pour leur cherté, qui limite leur disponibilité au niveau des rayons de quelques supermarchés, les produits français, alimentaires et cosmétiques surtout, les plus ciblés par la campagne en question, ne sont pas largement consommés par les Algériens, notamment en cette période de vaches maigres qui s'enchaîne à une réduction des importations imposée par la politique du gouvernement et aggravée par la crise sanitaire du Covid-19. D'où le faible écho de la campagne qui fait du bruit dans les pays du Golfe et pourrait faire beaucoup de mal à l'économie française. D'ailleurs, devant ces appels qui commencent à faire tache d'huile, le ministère français des Affaires étrangères a appelé, dimanche, les gouvernements des pays concernés à faire «cesser» les appels au boycott de produits français, tout en leur demandant également d'«assurer la sécurité» des Français vivant sur leur sol. Alors que le président du Medef a, de son côté, appelé à résister au chantage, tout en reconnaissant que c'est une mauvaise nouvelle pour les entreprises françaises qui ont des intérêts dans des pays du Maghreb, du Proche et Moyen-Orient. Et, plus grave encore, les remous ne se limiteraient pas à la colère des populations et au boycott des produits français. Le président Macron est en passe de provoquer une crise sans précédent avec les pays musulmans. Les autorités en Turquie, en Iran, en Jordanie et au Koweït ont dénoncé la publication de caricatures du prophète. Ainsi que l'Organisation de coopération islamique (OCI), dont l'Algérie est membre, qui a noté avec regret les déclarations du président français. Se dirige-t-on vers une tension dans les relations franco-musulmanes ? Si, comme le crie haut et fort M. Macron, personne ne recule, le choc paraît inévitable.