«Il est à notre portée d'augmenter les rendements à l'hectare», a estimé hier Mohamed Yazid Hambli, président de la chambre nationale d'agriculture, sur les ondes de la radio nationale Chaîne 3. «Il y a déjà des agriculteurs qui arrivent à produire 40 et 50 quintaux à l'hectare, même dans le Sud, avec une irrigation intégrale, il y a des rendements allant jusqu'à 80-90 quintaux à l'hectare. Donc si ces agriculteurs ont pu le faire, il est possible de le généraliser à condition de fédéraliser les actions de tous les départements gouvernementaux et se baser principalement sur l'itinéraire technique pour proposer des solutions aux agriculteurs et aux professionnels du secteur», ajoute l'intervenant. Outre les secteurs de l'eau et de l'électricité, M. Hambli estime aussi importante pour l'augmentation des rendements à l'hectare, «la question de la diversification variétale et le patrimoine génétique. Il faut qu'on intègre la recherche surtout avec ces changements climatiques pour mettre une stratégie pour l'avenir». Et d'ajouter : «la banque de gènes c'est l'essentiel de la sécurité alimentaire. Il s'agit d'abord de sécuriser notre patrimoine génétique, nos espèces végétales et animales, et les conserver. C'est à la base de tout programme de recherche et d'obtention variétale. Avec tous ces changements climatiques, il nous faut des recherches, il nous faut nos espèces qui sont adaptées depuis des millénaires à nos conditions climatiques. La priorité absolue est donc de préserver notre patrimoine». Reprenant les directives du président de la République lors des assises de l'agriculture, l'intervenant a relevé l'importance de «préserver les professionnels» du secteur. «On ne peut pas parler d'agriculture, ni de préservation du patrimoine, si on ne préserve pas le professionnel qui est la plaque tournante à la base de la préservation de nos races bovines, de nos espèces animales et végétales». Sur le même sujet, il estime qu'il faut «mettre en valeur l'agriculteur à travers la formation» pour les aider à adopter les meilleurs «itinéraires techniques pour la production de blé, mais aussi d'autres spéculations». «Il faut aussi pour cela intégrer d'autres secteurs, comme l'hydraulique, l'irrigation, l'énergie, à travers les engrais, mais également la recherche, car il nous faut des engrais adaptés à nos qualités des sols et notre climat», dit-il encore. Mohamed Yazid Hambli insiste pour faire la différence entre «formation professionnelle» et «formation agricole». «Nous devons revenir à la formation agricole que nous avons oubliée depuis les années 90. La formation et l'enseignement agricoles étaient attribués au ministère de l'Agriculture, jusqu' en 1995. Actuellement il n'y a plus de formation. On ne trouve plus de techniciens et de techniciens supérieurs sur le terrain. Et aussi nous allons vers la disparition des ingénieurs agronomes.» Sur ce dernier aspect, il ajoute : «la formation des ingénieurs agronomes est dispensée dans deux écoles en Algérie. En plus, le système LMD ne fonctionne pas avec l'agronomie. C'est une formation généralisée, purement biologique. Nous demandons, d'ailleurs, en tant que professionnels, qu'on revienne vers la formation classique d'ingénieurs d'Etat. Car si on reste comme ça, nous allons assister à la disparition des ingénieurs agronomes d'ici quelques années», affirme encore M. Hambli.