Cinq mille policiers surveilleront Algérie-Burkina Faso, barrage retour du Mondial 2014 aujourd'hui à Blida, dans une ambiance chauffée à blanc après le match aller remporté 3 à 2 par les Burkinabès et entaché d'erreurs d'arbitrage aux yeux des Algériens. La fièvre monte effectivement en Algérie. Les Fennecs doivent impérativement l'emporter pour décrocher leur billet pour le Mondial et s'assurer ainsi une 4e participation à une Coupe du monde après celles de 2010, 1986 et 1982. Blida (50 km au sud d'Alger) est assiégée depuis plusieurs jours par des supporteurs des Verts entonnant leur célèbre cri de ralliement "one, two, three, viva l'Algérie !". Bravant la pluie et le froid auxquels est confronté le nord du pays depuis près d'une semaine, des supporteurs des Fennecs, enveloppés dans des drapeaux aux couleurs de l'Algérie, ont pris d'assaut dès samedi les guichets du stade pour tenter d'obtenir des billets (40.000 places environ dans le stade). Plus de 50 personnes ont d'ailleurs été blessées samedi à Blida dans des bousculades lors d'une vente des billets qui a vite tourné à l'émeute entre des supporteurs mécontents de ne pas avoir acquis des tickets, et la police qui tentait de les disperser, selon les journaux locaux. Lors des échauffourées entre supporteurs de l'équipe d'Algérie, certains ont été touchés à l'arme blanche, et d'autres atteints par des jets de pierres. C'est un stade fétiche pour les Algériens -- le Mustapha Tchaker , où ils ont joué 19 fois depuis 2009 sans jamais être défaits --, qui accueille cette rencontre sous haute surveillance. Du côté de l'encadrement des Fennecs, la frustration du match aller n'est pas retombée. "La défaite de Ouagadougou m'est restée en travers de la gorge. C'est surtout l'injustice dont a été victime mon équipe de la part de l'arbitre de la rencontre qui m'a rendu fou furieux", s'est emporté le sélectionneur de l'Algérie Vahid Halilhodzic vendredi lors d'une conférence de presse. Le président de la Fédération algérienne de football Mohamed Raouraoua a de son côté appelé les supporteurs nationaux au "fair play" Refaire le coup de 2009 Pour la quatrième fois de son histoire, l'Algérie va tenter de valider un billet pour la Coupe du monde. À Blida, face au Burkina Faso, les Fennecs vont devoir renverser le score du match aller, perdu 3 à 2. Les joueurs algériens, qui n'ont jamais perdu dans leur fief de Blida, se souviendront de la qualification de 2009 pour le Mondial en Afrique du Sud. À quelques heures de ce choc, c'est tout un pays qui est en effervescence. Aujourd'hui, les supporters attendent que les Fennecs rejouent le coup de 2009. Ils veulent revivre ce mois de novembre qui les avait vu valider leur billet pour le premier Mondial sur le sol africain, en Afrique du Sud. Les Fennecs avaient battu leurs ennemis de toujours : l'Egypte (1-0). Et à la 40e minute, ce 18 novembre, Antar Yahia était devenu un héros national. « L'Algérie c'est le pays des hommes. Cette qualification je la dédie aux 1 million et demi de martyrs », avait lancé le joueur de l'Espérance de Tunis. Quatre années plus tard, pratiquement jour pour jour, les Algériens attendent son successeur. Si, aujourd'hui, Antar Yahia a mis un terme à sa carrière internationale, Islam Slimani et Sofiane Feghouli, qui figurent dans la liste des 25 nominés pour le trophée du meilleur joueur africain 2013, pourraient bien prendre la relève. Surtout, Halilhodzic avoue que l'échec du match aller lui est resté en travers de la gorge. « Je n'ai pas encore pu digérer cette défaite ». Les Etalons avaient dominé la première mi-temps en ouvrant le score par le Rennais Jonathan Pitroipa (45ème+2), et fini par l'emporter 3 à 2. « La clé du match, c'est la rigueur défensive qu'on doit absolument avoir. On ne peut pas se permettre de refaire les mêmes erreurs qu'au match aller. Mes joueurs doivent s'appliquer en défense surtout, avant de penser à marquer », explique Halilhodzic. Mais le sélectionneur est plus déterminé que jamais : «J'ai la rage de vaincre. Je n'ai jamais travaillé comme cette fois-ci. Ma revanche, je vais la prendre ce mardi. » .À Blida, il risque d'y avoir autant de monde à l'extérieur qu'à l'intérieur du stade Mustapha Tchaker. Samedi, lors de la vente des billets avait vite tourné à l'émeute entre supporters. Plus de 50 personnes ont été blessées dans des bousculades. Le stade de Blida était l'unique point de vente. Blida est devenu le fief l'équipe nationale, elle en a fait son stade fétiche. L'Algérie y a joué dix-neuf matches, gagné seize rencontres, fait trois nuls et n'a aucune défaite. Le meilleur bilan est à mettre au profit de la « génération Vahid » qui a remporté huit victoires et fait un seul match nul, contre la Guinée (2-2). En juin dernier, les Fennecs avaient battu les Etalons 2 à 0.
Les Burkinabés sans supporters Face à une tension de plus en plus perceptible, la Fédération burkinabè de football (FBF) a envisagé le match retour à Blida sans supporters pour ensuite se raviser. Finalement ils ne seront qu'une cinquantaine à effectuer le déplacement. Selon le président de la FBF Sita Sangaré, il s'agit de "se prémunir et ne pas exposer nos supporteurs face au climat délétère" qui pourrait être réservé à la délégation burkinabè. "Nous savons déjà quelle sera l'atmosphère et ce n'est pas la première fois que nous vivrons une telle situation (...) Les joueurs savent ce qu'est la pression et ils l'avaient surmontée pendant les matches de poule à Niamey contre le Niger et à Pointe-Noire face aux Diables Rouges du Congo", assure le ministre burkinabè des sports Yacouba Ouédraogo. Un ticket pour le Brésil en 2014 serait une première historique du côté des Etalons du Burkina. "Ça sera chaud, mais tout compte fait, nous allons faire notre job", commente Charles Kaboré, capitaine des Etalons. "On est bien conscient que ce ne sera pas facile. C'est normal, dans le football moderne et professionnel, rien n'est facile. On a vécu des matches peut-être plus difficiles que celui-là. Il ne faut donc pas se mettre la pression inutilement", ajoute-t-il. L'entraîneur des Etalons Paul Put n'a pas voulu en rajouter, restant sur un plan strictement football: "Ce sera difficile pour les deux équipes. La victoire sourira à la sélection la mieux préparée sur le plan mental".