Guitare au poing, l?artiste Zaky Zeddour, entre deux r?citals, -qui a bien voulu se livrer ? un ?jeu de v?rit?? ? travers lequel il parle de son parcours d?auteur-compositeur-interpr?te- appara?tra assez singulier et loin des clich?s habituels. Ce qui pour un enfant de la province fait figure de non-conformisme. D?autant que l?art de la chanson ?chappe ? bien des logiques. La disponibilit? de cet auteur aura ?t? enti?re pour parler franc, et ? b?tons rompus. La voix de l?Oranie: On commence si tu le permets par une question assez inhabituelle. Zaky, ? quel public tu t?adresses? Et quand l?as?tu d?cid?? Zaky Zeddour: J?ai besoin d?un public qui sache payer sa place. Et j?ai compris ce besoin depuis que j?ai appris ? interpr?ter mes textes. Avant, je chantais de la po?sie, et le public venait pour ?couter. Aujourd?hui, j?interpr?te et le public vient pour me voir. Mes textes ont chang? de forme, ils sont devenus plus ?publics? et plus honn?tes. -Les th?mes que tu abordes sont en ligne droite avec l?actualit?. Pourtant, ta fa?on d??crire et d?interpr?ter veut surprendre? -Rire. Question trop classique. L?hypocrisie quotidienne nous apprend ? dire bas dans les caf?s, moi je chante haut sur sc?ne? -Tu te qualifies d?anti-conformiste, c?est quoi cette approche? -Se d?marquer d?une masse, ne pas suivre aveugl?ment, mais je ne me qualifie pas, je le revendique! Je sens dans le public que mes chansons d?rangent. Il y a des ?chos qui me disent d??tre moins direct, cela vient des conformistes? -Dans notre pays avec ses particularit?s, tu te situes o?? -Dans l?appendice de l?Alg?rie, l? o? finit la ville? Je veux dire la marginale, l?inacceptable, l?intol?rable, le ?fais-le taire?! -Dans l?un de tes textes ?Royaume rat?, la m?taphore comment tu la d?cryptes? -Je crois qu?une m?re ou un p?re ne d?cide pas de la beaut? ou de la mochet? de leur enfant, ce sont les autres qui le d?cide. J??tais un pauvre chanteur qui d?versait sur son public un mur de conformit?? La conformit? veut nous penser, moi je veux ?me penser?. La conformit? est arbitraire, et je ne veux pas d?pendre d?un autre subjectif que le mien. -C?est de la pathologie? -M?me la conformit? est de la pathologie et c?est de l? que j?essaie de l?exprimer dans mes chansons? -Si on revient ? ton travail, est-ce un m?tier? Un travail honn?te comme tant d?autres? -Pas encore, peut-?tre jamais. C?est un moyen de vivre. J??cris dans la langue que je parle. Avant, je prenais tout mon temps pour scander un verbe. Or tout ce temps est une construction un peu maquill?e. C?est-?-dire penser le vers directement dans la langue parl?e et l??crire comme tel. C?est honn?te mais je prends le temps de l??crire, de l?enjoliver. C?est tout le temps que prend un menteur pour construire ?sa v?rit??. -Nous retrouvons un c?t? com?dien lors de tes r?citals? Ce jeu du com?dien peut-?tre une ?nergie par laquelle ta chanson traverse l??coute du public? -Absolument! Il faut vivre les personnages. C?est une mani?re d??tre deux fois honn?te avec son public. C?est une interaction, j?ai commenc? par casser le mur entre moi et le public, de la sorte que mon ?nergie se r?pande sur lui. Je le ressens, il me ressent et c?est cette osmose qui a cass? mon album? -Cass? ton album? Que signifie cette formule? -Je suis ? ?voir?, pas ? ??couter?. -Le dernier th?me que tu abordes dans tes chansons est celui de la femme. Il semble r?current chez toi? -Dans un monde o? l?absence l?homme est manifeste, il nous reste qu?? parler de la femme. Je pense ? mon humble avis qu?il y a deux cat?gories de femmes, celle qui se fait femme (tr?s conventionnelle), et la femme qui vaut mille hommes. V?ritable p?nurie! -En faisant le tour des choses, n?est-ce pas pr?cher dans le d?sert? -A mon niveau, je ne pr?che rien, encore moins dans un d?sert. Je le r?p?te, j?essaie de dire en chansons ce que les autres ont envie de dire. Entretien r?alis? par Ahmed Mehaoudi