Histoire n Une projection du film de Yamina Sahraoui a eu lieu, mercredi, à la salle El-Mougar. Le film, coproduction franco-algérienne et qui sortira aujourd'hui en avant-première nationale, met en scène deux personnages : Khadidja (Fetouma Ousliha) et Amel (Rachida Brakni). La première représente l'ancienne génération, la seconde fait partie de la nouvelle. Toutes les deux sont médecins. Un jour Amel constate la disparition de Mourad, son mari, journaliste, elle apprend qu'il a été enlevé par un groupe islamiste armé. Elle décide alors de partir à sa recherche dans le maquis. Khadidja, refusant de la laisser y aller seule, s'engage, elle aussi, dans l'aventure. D'abord, Amel et Khadidja, de simples collègues, ne conversent que très peu. Leur relation est marquée par des moments de tensions. L'on assiste donc à un conflit de générations : Khadidja qui a fait la Révolution affiche son attachement à l'Algérie et continue d'évoquer – avec un sentiment de nostalgie – les idéaux pour lesquels elle s'est engagée dans le mouvement de libération nationale, tandis que Amel critique sans cesse le pays, un pays brisé et au bord de la faillite, elle perçoit l'Algérie colonisée et l'Algérie frappée par la tragédie comme la peste et le choléra. Que choisir ? Au fil des événements et de situation en situation, les deux femmes finissent par se rapprocher se connaître mutuellement et par se comprendre. Elles s'acceptent réciproquement. Le film, dont l'histoire se déroule durant la décennie noire dans un petit village, se révèle un refus à la violence, d'où le titre Barakat, c'est-à-dire assez de violence, assez de haine, assez de morts. Mais l'histoire s'avère délirante, voire insensée : peut-on imaginer d'un point de vue réaliste et en ayant l'esprit lucide, deux femmes aller chez des terroristes – sans peur d'être violées et séquestrées) – à la recherche de quelqu'un, comme si on allait faire une randonnée ? Le film apparaît d'emblée et autrement aberrant lorsque Amel signale la disparition de son mari à la police et que l'officier refuse de faire un rapport et d'en tenir compte, sous prétexte qu'elle n'a pas de photo du disparu à lui remettre pour l'insérer dans le dossier, alors que toute disparition à cette époque était jugée suspecte par les autorités, notamment dans les villages et les petites localités. Yamina Sahraoui pousse son délire au paroxysme quand un garagiste confie tout bonnement à Amel que Mourad a été enlevé par des terroristes, et que les services de sécurité et de renseignements n'en avaient pas pris connaissance. D'autres divagations ponctuent le film, comme celles où Amel arbore une arme à feu dans un restaurant devant la foule, comme si elle brandissait un simple jouet en plastique, pour faire impression à quelqu'un qui lui tenait des propos obscènes. Une telle action ne suscite-t-elle pas aussitôt une intervention de la part de la brigade antiterroriste ? Barakat, en dépit de l'effort de la réalisatrice visant à appeler à cesser tout acte de violence, donc à la réconciliation, se révèle, de bout en bout, largement insuffisant, étonnamment irréaliste, un film chargé de fourvoiements et d'extravagances. Seul le personnage de Fetouma Ousliha confère au film un certain attrait (mais sans plus) ; quant au personnage de Rachida Brakni, il apparaît arrogant et irrespectueux. Ainsi, le film censé traiter de la période marquée par la terreur et la peur, s'est carrément éloigné de la réalité en présentant une histoire dans laquelle deux femmes s'aventurent seules dans des maquis sans afficher une quelconque peur. Et le fait d'avoir opté pour le français dans 80 % du dialogue fait également une mauvaise impression.