Quand elles étaient chez nous et qu'elles avaient tous les pouvoirs,même des « pouvoirs spéciaux », elles n'ont pas du tout cherché à nous « démocratiser ». En ce temps-là, les puissances occidentales préféraient nous maintenir dans la situation de sujets ou d'indigènes. La démocratie et encore moins la citoyenneté n'étaient pas bonnes pour nous,barbares que nous étions, juste bons à servir de main d'œuvre docile et corvéable à merci. Ces puissances ont eu, pourtant, tout le temps de nous apprendre les vertus civilisationnelles qu'elles veulent, en apparence, nous fourguer aujourd'hui. Elles s'inquiètent pour nos libertés et nous poussent à cors et à cris à nous révolter contre nos dirigeants. Elles sont soucieuses de nos droits et se préoccupent des traitements que nos forces de police nous infligent quand nous manifestons. Alors, qu'un certain 8 mai 1945, à Kherrata,à Sétif, à Guelma nos manifestations n'ont pas du tout été du goût de la France, qui fêtait la victoire de ce qui va devenir le « monde libre ». Les indigènes que nous étions n'ont pas eu droit au respect de la liberté de s'exprimer, ni d'ailleurs au droit à la vie pour des dizaines de milliers d'entre nous. De nos jours, ces puissances n'aiment pas non plus toutes les formes de« démocratie ». Au Venezuela, elles n'aiment pas la façon dont le peuple vote depuis quelques années et elles le font savoir. Pourtant, les Vénézuéliens respectent au pied de la lettre les règles démocratiques du scrutin. Sauf que leurs bulletins prennent une direction contraire aux vœux de la « communauté internationale ».Terme qu'Hubert Védrine, ancien ministre français des affaires étrangères, juge« prématuré » d'employer. Il le dit à ses pairs, dans une interview au journal La Croix, le 13 février 2011 « Je mets en garde depuis des années contre son emploi. Cette idée – qui n'est pas encore une réalité – nourrit beaucoup d'illusions, notamment en Europe où l'on voudrait vivre dans une société post-tragique ». Il ne dit pas à quelle tragédie il fait allusion, mais on peut penser qu'il s'agit de la Guerre froide qui, une fois finie, a ouvert la voie à un monopole unique de la violence, quine manque pas une occasion de se manifester, sûr de son impunité. En diplomate qu'il est, il choisit ses mots quand il ajoute que « les Occidentaux exagèrent grandement leur influence. Ils théorisent sur le devoir de s'occuper de ces pays (les anciennes colonies).C'est la théorie de l'ingérence, mue entre autres pour des raisons humanitaires». Il se trompe un tout petit peu, ou fait mine de croire aux « raisons humanitaires », parce qu'ily a des endroits du monde où cette théorie aurait eu toute la légitimité des'exercer depuis des décennies, comme en Palestine où elles sont rudement d'actualité. L'Humanité entière aurait applaudi, mais il n'en a rien été et il n'en sera rien. Les droits de l'homme ne sont pas à l'ordre du jour quand la tyrannie et le crime se manifeste sousune férule non indigène, immunisée par les vétos et le soutien inconditionnel des pères fouettards de la « démocratie ». Chiche ! Que soit soutenue une révolution contre le sionisme, au même titre que sont soutenues les « révolutions arabes ». Une petite preuve de bonne foi qui, de plus, sera tout bénéfice et confortera toutes les « ingérences » du label humaniste.