Dans les nouvelles guerres, ce sont les populations civiles qui en subissent les affres. Réfugiées en masses, handicapées en masses, assassinées en masses, affamées en masses. Les guerres commencent par les bombardements des populations, des immeubles d'habitations et les usines qui donnent de l'emploi aux pauvres. Ceux qui à partir du ciel bombardent sont les grandes puissances occidentales, bien démocrates, bien développées, industrialisées, riches, nucléaires. Les bombardées sont les populations pauvres, car les riches sont déjà parties, avant que cela ne commence. Avant, les grandes puissances disaient " Laissez nous vous détruire, puis, nous vous reconstruirons ". Maintenant, c'est un autre logiciel. " Détruisez votre pays, nous le reconstruirons ". Colluche disait que pour avoir le plus de chance de survivre dans une guerre, il faudrait s'engager dans l'armée. Dans ce nouveau type de guerre qu'ont livré ensemble les puissances occidentales aux pays arabes et aux pays musulmans non arabes, les militaires occidentaux ne rencontrent plus les militaires des pays ciblés. En haut, ce sont les forces aériennes occidentales qui occupent l'espace, en bas, les forces indigènes qui s'entretuent. Les forces indigènes sont composées d'un côté des forces gouvernementales et alliées (cas syrien), de l'autre côté, les insurgés alliés aux forces de la Qaïda et d'une autre organisation sans foi ni loi née déjà bien équipée, trop bien organisée. On dirait qu'il y a un accord. Les bien-nés bombardent d'en haut, les mal-nés s'entretuent au sol. On crée une opposition, on lui fournit des armes et on reconnaît le gouvernement provisoire parallèle à celui qui est en place. Y a-t-il des critères pour justifier les bombardements, pour opérer des interventions militaires? Les Européens y ont réfléchi. Il faudrait d'abord une légitimité. Celle-ci est exprimée par le Conseil de sécurité, si non, on s'en passe. Des fois, il suffit qu'une des parties au conflit crie au secours. L'intervention en est légitimée de facto. Si non, il faut créer une opposition et lui demander de solliciter une intervention militaire. Pourquoi alors s'interdire de consulter les populations qui vont recevoir les bombes sur la tête ? Si pareille démarche n'est pas prévue comme obligation, qu'au moins l'éthique morale devrait le recommander. Si le premier critère n'est pas satisfait, il y a un autre pour le remplacer. La légalité. Or, celle-ci interdit les ingérences. Ce principe est dépassé par le droit d'ingérence humanitaire. Les frontières ne protègent pas les " tyrans". Ça marche à tous les coups. On pense ensuite au critère d' " opportunit é politique ". La situation nouvellement créée, serait-elle meilleure ? Elle ne le sera jamais. Preuve ? Irak, Lybie, Syrie. Quelqu'un donnait ce conseil aux Américains, en Afghanistan. " Criez victoire et partez". En restant, il sera démontré qu'ils n'ont pas gagné. Dans ce nouveau type de guerre, les puissances " bombardantes " n'en ont jamais gagné une dans les pays musulmans. Par contre, les pays bombard és sont retournés à l'ère pré industrielle. Si c'est ça la victoire, il faudrait ré- activer le tribunal international. Préservation de l'intégrité territoriale ? Pas sûr de ça. Unité nationale ? Pas sûr. Souveraineté nationale ? Pas sûr. Si ce sont là les objectifs recherchés, oui, les puissances bombardantes risquent fort de gagner. Elles sont près de la " victoire ". En ethnicisant les clivages, en en créant d'autres sur une base confessionnelle, ces puissances détruisent la cohésion nationale qui constitue le meilleur espace de défense et de mobilisation contre toute menace et fatalement, c'est l'unité de l'armée qui va se briser alors qu'elle reflète l'unité nationale et qu'elle en est même la garantie. L'Irak en est un exemple.