Peu importe, ici, les discours tenus. Il n'y a rien à en retenir, puisque consensuels ils ne comportent que des généralités qui ne risquent pas de diviser et qui ont pour fonction de maintenir la cohésion d'ensemble. Ceci, au moins le temps d'obtenir gain de cause. C'est-à-dire, en tant que « forces du changement », se voir confier les rênes du pays, afin d'y instaurer la liberté disent-ils. Ils se gardent de parler de « révolution », soit parce qu'ils sont conscients que ce mot implique un vrai changement de système, ce dont ils n'ont nullement l'intention, soit qu'ils ont le sens de la mesure, au vu de leurs capacités de mobilisation, si le mot est pris dans le sens du « printemps » dit arabe. Il reste que si l'on s'intéresse aux chances, de cette « conférence pour les libertés et la transition démocratique », de parvenir à imposer au pouvoir en place de se démettre ou à l'armée de provoquer un coup d'Etat, on reste dubitatif. Car entre ceux qui prônent une théocratie et les autres il y a quand même une sacrée différence de vision de la notion de liberté. Ensuite, quand bien même une union sacrée est réalisée jusqu'au bout, il y a le fait qu'il faudrait des actions de rue assez puissantes pour pouvoir établir un rapport de force favorable. Sur ce point, hormis le MSP ou ce qui en reste, aucune formation ne jouit d'un minimum d'implantation à même de mobiliser quelques centaines de personnes. Et encore faut-il convaincre les bases sociales, quand elles existent, d'oublier les divergences mortelles qui ont servi à les monter les unes contre les autres. Quant à ce qui subsiste de la base du FIS il serait extraordinaire qu'elle accepte de bouger sur les mots d'ordre qu'elle avait combattus, quand la « démocratie » à la Mouloud Hamrouche passait déjà pour un blasphème. Reste la société réelle, dont ses couches les plus portées à manifester, c'est-à-dire les travailleurs et les exclus. Il est très difficile de les voir adhérer à un appel qui ne les concerne pas, un appel assez vaporeux pour ne pas même être entendu, alors qu'ils ont déjà adopté leur propre mode d'expression et qu'ils ont fait leur deuil de la politique, en attendant non pas les gesticulations actuelles, mais des propositions concrètes à la situation concrète qu'ils affrontent. Une « transition », dont seuls ont le secret des personnalités aux intentions insaisissables, présente à n'en point douter trop d'incongruités pour séduire. Un ex membre du FIS en a déjà apprécié la durée : trois ans dit-il ! Avant même que l'on sache en quoi elle changera la gestion de l'Algérie et grâce à quelles processus et en quoi aussi les « transitionnels » sont-ils préférables aux gouvernants actuels. Ahmed Halfaoui