L'économie tunisienne est frappée de plein fouet en raison de la baisse de l'activité des secteurs vitaux à l'instar du tourisme, du commerce et de l'industrie manufacturière, affectés par l'impact de la "révolution du jasmin" auquel s'ajoutent les séquelles de la situation en Libye. Conséquence logique de cette situation, les réserves de change de la Tunisie ont baissé à 9 milliards de dollars (1 euro = 2 DT) à cause notamment du recul de l'activité industrielle, principalement dans les industries manufacturières, le repli des recettes touristiques et la baisse des investissements et des exportations, selon la banque centrale tunisienne. Cette situation pourrait affecter le rythme de l'économie du pays, selon l'institution financière qui met en garde contre les retombées négatives et des difficultés que connaît la conjoncture économique mondiale. Par ailleurs, des experts notamment ceux de l'Observatoire de la conjoncture économique ont mis en garde contre l'aggravation du déficit des paiements extérieurs, la perte de dynamisme de l'économie induite par la non reprise de l'activité des secteurs dans des délais acceptables, l'accroissement du chômage et le recul du rythme de la demande intérieure. Ils ont imputé cette détérioration de l'économie tunisienne à plusieurs facteurs dont le recul des exportations vers l'Union européenne (UE) qui représentent 85% du commerce extérieur de la Tunisie outre les dégâts importants engendrés par les actes de pillage et de sabotage au cours des événements qui ont suivi le soulèvement populaire. Les pertes économiques en Tunisie engendrées par les événements ont été évaluées à 2,5 milliards d'euros, selon des statistiques. Par ailleurs, l'économie tunisienne a été affectée par la crise libyenne sachant que des commerçants, artisans et hommes d'affaires estimés à environ 1,5 million de tunisiens ont vu leurs activités subitement cesser suite à la détérioration de la situation sécuritaire en Libye outre le recul du nombre de touristes libyens qui étaient 2 millions à visiter la Tunisie par an en temps normal. Selon un rapport gouvernemental, le secteur du tourisme a reculé de 40% d'où la baisse des recettes du pays en devises d'autant que le secteur emploie en Tunisie, un demi-million de citoyens et constitue le deuxième secteur générateur de devises pour l'économie tunisienne après les exportations des industries manufacturières. A cet effet, le ministre tunisien des Finances, Jalloul Ayad, a alerté sur les risques que court l'économie tunisienne soulignant que si des mesures supplémentaires ne sont pas prises, la croissance du PIB se situera entre 0 à 1% au cours de l'année 2011. Par ailleurs, le déficit budgétaire sera de 5% à cause de la régression des ressources et l'investissement global outre la baisse du rythme de création d'emplois d'une moyenne de 15.000 emplois. Le gouvernement transitoire tunisien a, malgré les difficultés financières, décidé de remplir ses engagements financiers vis-à-vis de l'étranger et n'envisage pas de demander un rééchelonnement de sa dette extérieure qui menacerait l'indépendance de sa décision, selon des responsables gouvernementaux. Il ne compte pas non plus recourir à des emprunts extérieurs même si la dette extérieure n'est que de 16 milliards de dinars tunisiens et que la situation économique et financière difficile que le pays traverse nécessite 4 milliards de dinars. Dans le but de conférer une nouvelle dynamique à l'économie tunisienne afin de garantir sa relance, le Gouvernement a arrêté un programme d'urgence à court terme qui comporte des mesures visant la relance du développement régional, la résorption du chômage et le soutien aux entreprises économiques. Le premier responsable en charge des Finances a indiqué à ce propos, que le programme devra avoir un impact immédiat sur les secteurs prioritaires dont l'emploi et le développement régional. Ces mesures basées sur une nouvelle vision de la politique économique et sociale induite par les acquis de la révolution viennent en soutien aux entreprises commerciales et de services à travers un programme exceptionnel qui prévoit notamment la création de 40.000 emplois et la formation de 200.000 jeunes. Le Gouvernement a également décidé la révision du budget de l'Etat, la loi de Finances 2011 avant fin mai sans omettre la répartition de crédits au profit de parties et régions prioritaires.