Des associations marocaines de défense des consommateurs et des professionnels du secteur du transport ont rejeté lundi, la décision prise par le gouvernement d'augmenter, à partir de samedi, les prix du carburant à la pompe d'environ 20% pour l'essence et de 10% pour le gazoil ainsi que du fuel industriel. Le président de l'Association marocaine de protection et d'orientation du consommateur, Bouâzza Kherrati a estimé qu'au moment où le gouvernement prône la défense du pouvoir d'achat du citoyen "c'est le contraire qui s'est produit, en augmentant les prix des carburants et non des salaires". Le consommateur sera la première victime de cette hausse "drastique" des prix à la pompe de l'essence qui constitue, selon lui, une première au Maroc. Le gouvernement de coalition dirigé par le Parti justice et développement (PJD, islamiste) formé début janvier, a opté pour une hausse d'un seul coup, à savoir 2 dirhams le litre d'essence, 1 dirham pour le gasoil et 988,04 dirhams pour le fuel industriel, relèvent les observateurs. De son côté, le président de la Fédération du transport sur route et port, Mustapha Neguimate a jugé que les niveaux de hausses étaient trop élevés. "Les augmentations étaient imminentes, mais nous ne nous attendions pas à ce qu'elles soient dans ces proportions", a-t-il dit en faisant remarquer que "dans le transport routier de marchandises, elles se traduisent par une augmentation de 600 dirhams de la facture du gasoil entre Casablanca et Agadir par exemple". Quant au président de la Fédération des matériaux de construction, David Tolédano, il a souligné que "le gouvernement devrait donner de la visibilité aux industriels en instaurant par exemple un tarif préférentiel pour les industries consommatrices de fuel". Pour sa part, le président de la Ligue marocaine de protection du consommateur, Mohamed Bel Mahi a noté que le gouvernement qui avait affirmé qu'il n'"augmenterait pas les prix des carburants jusqu'à l'année prochaine vient de décider cette hausse vertigineuse dans cette conjoncture difficile". "Cette décision aura de fortes répercussions sur les produits alimentaires et le transport routier, des marchandises et des légumes en particulier, et donc sur la consommation quotidienne du citoyen", a-t-il prédit. Le secrétaire général du syndicat des chauffeurs de taxis, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), Mohamed Harrak, a, de son côté, annoncé que son organisation définira lors de sa réunion, dimanche prochain, les mesures à prendre face à cette "hausse vertigineuse". Plusieurs quotidiens marocains ont commenté, lundi, cette importante hausse des prix des carburants estimant que cette augmentation pourraient provoquer des tensions sociales. Cette augmentation peut influer sur le pouvoir d'achat et provoquer des tensions sociales, a estimé le journal de langue arabe "Assabah" alors qu'"Al Massae", également arabophone, a jugé que celle-ci était un choc pour les Marocains, qui s'attendaient plutôt à une hausse des salaires. Selon le gouvernement la décision d'augmenter les prix des carburants permettra à l'Etat de soutenir les catégories sociales défavorisées, tout en poursuivant sa politique des investissements publics. Le ministre marocain de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'environnement, Fouad Douiri a indiqué que "cette mesure permettra à l'Etat d'économiser 4,5 milliards de dirhams (1 euro = 11 DH environ) voire 5 Mds de DH pour les sept prochains mois par rapport au volume attendu pour l'énergie et qui est de l'ordre de 50 Mds de DH". Pour rappel, le ministère marocain chargé des Affaires générales et de la Gouvernance avait souligné dans un communiqué que le début de l'année 2012 était marqué par des "fluctuations importantes" des prix du pétrole, le baril ayant atteint un niveau record de 117,4 dollars entre les mois de janvier et mai, contre 78 et 110 dollars pour la même période en 2010 et 2011. Durant les quatre premiers mois de l'année, les importations marocaines de produits énergétiques avaient atteint 32,79 Mds de DH contre 28,37 Mds de DH soit +15,6% ou +4,41 Mds de DH de l'accroissement global des importations à fin avril 2012.