Le ministre français de l'Intérieur continue d'utiliser ses prérogatives au sein du Gouvernement pour agir dans le sens de l'escalade dans la tension qui marque actuellement les relations de la France avec l'Algérie. Il multiplie ses provocations dans ce sens. La dernière a consisté, samedi, à instruire les services de la police des frontières de refouler l'épouse de l'ambassadeur d'Algérie au Mali, en lui interdisant l'entrée sur le territoire français alors même qu'elle satisfaisait à toutes les conditions d'assurance, d'hébergement et de ressources financières. L'Algérie a fait entendre que cette provocation ne restera pas sans réponse. En même temps, on s'interroge, côté algérien, si la guerre est déclarée entre le Président français et son ministre de l'Intérieur à propos de l'Algérie. En effet, la provocation de Bruno Retailleau est intervenue au-lendemain même où son Premier ministre proférait des menaces et adressait des ultimatums à l'Algérie et quelques heures, à peine, après les propos apaisants du Président Emmanuel Macron prononcés à partir du Portugal, et censés atténuer la crise dans les relations algéro-françaises qui n'ont jamais atteint ce niveau de dégradation. La tentative du Président Macron d'amorcer une désescalade et un apaisement des tensions qui marquent la relation algéro-française, n'a pas survécu à l'acharnement de son ministre de l'Intérieur qui a fait de la haine de l'Algérie sa marque de fabrique et le ressort de ce qu'il croît être son ascension politique irrésistible. Les observateurs en Algérie en concluent que les choses sont désormais claires, ce ministre de l'Intérieur qui fait de l'Algérie son seul et unique programme a décidé de jouer la carte de la rupture avec l'Algérie sur le dos de son Président. Mais, l'Algérie qui est victime de ce double langage au sommet de l'Etat français ne peut plus rester les bras croisés et va prendre toutes les mesures de riposte qu'impose cette situation. L'Algérie saura relever ce que Retailleau croît être des défis qu'il lui lance, alors qu'ils ne sont que des marques d'une déchéance qu'il inflige, consciemment ou inconsciemment, à la France elle-même. Pour les observateurs algériens, Retailleau n'a aucun projet politique, tout comme il n'a aucune idée de la France et aucune vision pour elle, sauf celle du reniement et du rabaissement. Ses calculs sont ceux d'un boutiquier dont l'horizon indépassable est celui des sondages dont il scrute avidement les mouvements et les promesses politiques d'avenir auxquelles il est le seul à croire. Dans le même temps, celle-ci renseigne surtout sur les extrémités de la hargne, de la haine et du rejet que son auteur peut encore atteindre. Ils estiment que le plan de carrière de M. Retailleau semble bien valoir toutes ces indignités.