Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA) Mohamed Laksaci a insisté, mardi à Alger, sur l'aspect illégal et interdit du marché parallèle de change, en annonçant des incitations futures au profit des bureaux de change exerçant en Algérie. "Il ne faut pas confondre entre le marché interbancaire de change et le marché parallèle des changes : le premier étant réglementé et soumis au contrôle de la BA et au contrôle à posteriori des banques commerciales, le deuxième étant illégal et interdit par la réglementation en vigueur", a tranché M. Laksaci dans sa réponse aux questions des députés relatives au rapport de conjoncture de 2011 qu'il leur a présenté lundi. Seuls les banques commerciales et les bureaux de change sont autorisés par la loi à vendre et à acheter la monnaie nationale, a-t-il soutenu. Interpellé récemment par la presse sur ce sujet, le ministre des Finances Karim Djoudi a été aussi catégorique : "le gouvernement va combattre le marché informel de la devise. La loi ne permet pas l'existence d'un marché parallèle de la devise", a-t-il déclaré. Condamnant les "transactions illicites qui se font au niveau du marché parallèle des devises et qui encouragent la fuite des capitaux et l'évasion fiscale", M. Laksaci a annoncé des "mesures incitatives" au profit des bureaux de change et aux ménages pour les inciter à recourir au marché légal des devises. Les ménages profiteront, à titre d'exemple, d'incitations relatives à la "convertibilité courante du dinar", donc au droit de change, a-t-il dit sans donner plus de détails. Quant aux bureaux de changes dont l'activité est régie par deux directives de la BA (08-96 et 13-79), ils bénéficieront prochainement d'un "relèvement de la marge de rémunération (sur les commissions) estimée actuellement à 1%", selon le gouverneur. Cette mesure permettra de rendre cette activité "plus concurrentielle", a-t-il avancé sans fournir plus de précisions. La BA avait accordé 40 autorisations pour la création de bureaux de change depuis 1997 mais certaines autorisations ont été "retirées" en raison d'infractions de change, a-t-il indiqué. M. Djoudi avait déjà expliqué que la défaillance en matière des bureaux de change est due au manque d'intérêt pour cette activité. "S'il n'y a pas une multitude de bureaux de change en Algérie, c'est parce que les gens ne veulent pas s'investir dans ce créneau en raison de la (faible) rémunération sur la fourchette entre le coût acheteur et le coût vendeur", expliquait le ministre. Les députés avaient vivement dénoncé lundi, lors de leurs débats du rapport de la BA, l'existence tolérée du marché parallèle des changes et se sont interrogés sur les motifs de l'absence de bureaux de change qui activent normalement même dans les pays sous- développés. Le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Dahou Ould Kablia avait récemment estimé que les citoyens "trouvaient leur compte" dans le marché parallèle de la devise et qu'il n'existait pas de raison pour l'interdire, des propos fortement critiqués par les députés et la presse.