Plusieurs thèmes ont été débattus lors de la 22ème session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, ouverte lundi à Genève, dont le Mali, la Syrie, ou encore la Palestine, en raison des exactions commises contre les populations de ces pays. Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, qui conduit la délégation algérienne aux travaux de cette nouvelle session du Conseil qui se tient jusqu'au 22 mars, a appelé mardi la communauté internationale à tout entreprendre pour mettre fin aux crimes commis dans le nord du Mali, libéré récemment des mains des terroristes. "L'Algérie est vivement préoccupée par les dérives et les exactions commises contre les populations du Nord du Mali. Nous exhortons la communauté internationale à tout entreprendre pour que cessent ces crimes qui contrarient la réconciliation nationale", a indiqué mardi M. Medelci dans une intervention devant le Conseil des droits de l'homme (CDH). Ces crimes "mettent également en péril l'intégrité territoriale du Mali et compromettent l'avènement d'une paix durable dans le pays", a ajouté M. Medelci. Pour sa part, la France a, par la voix de la déléguée auprès du ministère des Affaires étrangères chargée de la Francophonie, Yamina Benguigui, appelé mardi "à nouveau les autorités maliennes à mettre en oeuvre leurs engagements en matière de droits de l'Homme et de lutte contre l'impunité". Dans son intervention, Mme Benguigui a appelé le Conseil à "adopter une résolution forte" sur le Mali, "avec notamment la création d'un mécanisme visant à évaluer la situation sur le terrain et à fournir une assistance technique". "Nous devons tous être vigilants face à des risques d'exactions", a-t-elle souligné. Les forces militaires françaises intervenant au Mali contre les groupes armés "appliquent l'ensemble des conventions internationales en matière de respect des droits de l'Homme et du droit international humanitaire", a-t-elle ajouté. Par ailleurs, une porte-parole du Haut-commissariat pour les droits de l'Homme a indiqué mardi qu'une mission de l'ONU, composée de quatre personnes, était arrivée, le 17 février à Bamako, pour enquêter pendant deux semaines sur place sur les violations des droits de l'Homme concernant notamment les Touaregs et les populations arabes du nord du pays. Elles "doivent remettre leurs conclusions au Haut commissaire pour les droits de l'Homme, qui ensuite en parlera devant le Conseil des droits de l'Homme, devant la session en cours", a ajouté la porte-parole. La Syrie, autre thème débattu devant le Conseil Outre le Mali, la crise qui secoue la Syrie depuis près de deux ans a été aussi au centre des débats de la 22e session du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies à laquelle prennent part une centaine de ministres et autres hauts dignitaires. Dans ce contexte, M. Medelci a exhorté mardi à Genève la communauté internationale à poursuivre son appui au dialogue et aux efforts diplomatiques en cours, dont la mission de M. Lakhdar Brahimi, envoyé spécial conjoint sur la Syrie, du SG/ONU et de la Ligue des Etats arabes. De son côté, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a déploré lundi à Genève l'échec du Conseil de sécurité à porter les crimes commis en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI). "Le Conseil de sécurité a jusqu'ici échoué à l'égard de la Syrie, malgré les rapports récurrents faisant état de crimes généralisés ou systématiques ainsi que de violations et émanant de mon bureau, de la commission d'enquête internationale sur la Syrie", a déclaré Mme Pillay. Abondant dans ce sens , le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Vuk Jeremic, a dénoncé un "carnage" par les parties en conflit en Syrie, appelant à la cessation "immédiate des hostilités" dans le pays où le conflit a fait près de 70.000 morts depuis près de deux ans, selon les estimations de l'ONU. Toujours à Genève, le ministre des Affaires étrangères de la Turquie, Ahmet Davutoglu a lancé un appel au Conseil de sécurité lui demandant d'adopter une résolution pour "garantir l'accès humanitaire et introduire des mesures à l'encontre de ceux qui empêchent cet accès". Un Etat palestinien "indispensable" pour une paix juste au Moyen-Orient A propos de la question palestinienne, M. Medelci a souligné que l'Algérie qui a reconnu l'Etat de Palestine, le 15 novembre 1988, considère qu'un Etat palestinien est "indispensable pour une paix juste et durable au Moyen Orient". "Tout doit être fait pour mettre fin à l'asymétrie politique, économique et militaire qui permet à Israël d'occuper les territoires palestiniens, d'ériger un mur de séparation, de poursuivre la construction illégale de colonies, de priver les Palestiniens de leurs taxes et revenus et de jeter en prison des centaines d'entres eux en toute impunité", a-t-il relevé. L'Algérie estime que ces agissements qui nous interpellent tous, sont assimilables à des crimes contre l'humanité, comme établi par la commission d'enquête du CDH, a encore affirmé le ministre des Affaires étrangères. "Le Conseil doit se prononcer sur ces violations graves des droits de l'Homme", a-t-il conclu. Par ailleurs, de hauts responsables de l'ONU ont souligné, lors des débats, l'importance de renforcer les mécanismes internationaux de surveillance des droits de l'homme et de prévention contre les violences et de tenir les auteurs pour responsables de leurs actes. Mme Pillay a, dans ce sens, déploré l'inaction de la communauté internationale s'agissant de la Palestine et des crimes de guerre commis au Mali, au Sri Lanka et en République démocratique du Congo (RDC). ''Il faut donc continuer de renforcer le système mondial de protection des droits de l'homme et prévenir et punir autant que possible toutes les violations'', a-t-elle insisté.