L'Assemblée nationale constituante (ANC) tunisienne, la plus haute instance du pays, tiendra une séance plénière mardi pour investir le nouveau gouvernement dirigé par Ali Larayedh afin de se consacrer à la gestion de la période de transition jusqu'aux élections générales après rédaction de la nouvelle constitution. Après le long épisode de concertations, M. Larayedh a reconnu n'être pas parvenu à un consensus pour élargir la coalition au pouvoir donnant ainsi lieu à une composante ministérielle qui consacrera à nouveau la coalition tripartite qui compte le mouvement islamique Ennahdha, le parti du Congrès et Ettakatol, outre des personnalités indépendantes nommées à la tête de ministères de souveraineté comme l'Intérieur, les Affaires étrangères et la justice, et ce, en réponse à la revendication des forces de l'opposition et de la société civile. Le mouvement Ennahdha qui dirige la coalition tripartite au pouvoir détient 98 sièges à l'ANC qui en compte 217 alors que 109 voix sont indispensables pour investir le nouveau gouvernement. En cas de non obtention de la majorité absolue, le président de la République procèdera, en vertu de la loi régissant les pouvoirs publics, à des concertations avec les partis et groupes parlementaires pour charger une autre personne de former le gouvernement avec la même procédure. Si le nouvel exécutif venait à être investi de la confiance des députés, cela ne suffira pas à l'avenir à faire passer la nouvelle constitution qui exige juridiquement la majorité des deux tiers et sur laquelle reposent les prochaines élections générales à savoir la présidentielle et les législatives, ont d'autre part estimé les observateurs. Ali Larayedh avait annoncé que le nouveau gouvernement s'emploiera à organiser les prochaines élections générales dans un délai ne dépassant pas le mois de novembre 2013, précisant que la mission de son gouvernement se limitait à cette année. Cependant, les prochaines élections ne pourront avoir lieu avant la rédaction de la nouvelle constitution qui accuse un sérieux retard au niveau de l'ANC en raison des différends entre les groupes parlementaires autour de la nature du régime politique. Ennahdha plaide pour un régime parlementaire exclusif au moment où l'opposition reste attachée à un régime présidentiel amendé. Par ailleurs, les milieux politiques tunisiens ont souligné que la mission du prochain gouvernement sera "difficile" du fait de la dégradation de la situation économique et de l'escalade des troubles sociaux nés de l'absence de projets et de programmes de développement et de la hausse du taux de chômage. Le nouveau gouvernement devra également prendre en charge la situation sécuritaire marquée par les violences des salafistes à l'encontre des libertés fondamentales des citoyens.