Les ruelles d'Alger étaient calmes, la circulation fluide pendant que la quasi-totalité des commerces avait baissé rideau en ce premier jour de l'Aïd el Adha, fêté dans la joie par les habitants d'Alger, qui se sont levés très tôt comme à chaque Aïd. Dans les mosquées, les Imams ont rappelé les valeurs de cette journée, et souligné l'importance du pardon, de la charité, de l'entraide, et d'échange de visites familiales, appelant les croyants à raffermir leurs liens de solidarité. Profitant d'un climat doux et printanier de cette journée d'automne, les Algérois, à la fin de la prière de l'Aïd et des échanges de voeux, sont rentrés chez eux pour sacrifier le mouton, perpétuant ainsi le rite de Brahim Al Khalil et la sunna du prophète Mohamed (QSSSL). A El Madania (Ex-Salambier), les habitants du quartier ont transformé leur jardin, en l'espace d'une demi-journée, en un "petit abattoir" pour mouton de l'Aïd, au milieu d'une ribambelle d'enfants qui n'arrêtaient pas de tournoyer autour des moutons prêts à êtres sacrifiés. "C'est la première fois que mon père me laisse assister à ce rituel. Je suis tout enthousiasmé ", s'exclame le petit Anis, qui a cependant hâte que ce rituel prenne fin pour qu'il puisse enfiler ses nouveaux habits. D'autres ont trouvé une idée, à leur yeux "originale", en s'associant pour faire acheter, non un mouton, mais un veau. Ainsi Karim et ses deux frères se sont entendus cette année pour l'achat d'un veau, histoire de "changer un peu de viande", surtout que celle du mouton est réputée d'être riche en cholestérol, donc nocive pour la santé, celle du veau beaucoup moins. D'autres ont préféré confier leurs bêtes aux abattoirs pour plus de commodités et de propreté. Une virée à l'abattoir du quartier de Ruisseau a permis en effet de constater une très grande affluence de citoyens, venus très tôt le matin, attendant "impatiemment" leurs tours pour pouvoir sacrifier leurs moutons. "Le prix exigé pour faire égorger son mouton est de 2000 Da, c'est un peu cher mais je préfère le ramener ici pour éviter toutes les tracasseries à la maison ou au quartier", a indiqué Mohamed, travailleur aux assurances. Il a ajouté que l'abattoir était doté d'un service vétérinaire, de l'hygiène et la propreté, nécessaires pour éviter les maladies. Une fois ce rituel accompli, certains habitants se sont ensuite rendus dans les cimetières, notamment celui d'El Madania et de Sid M'hamed pour se recueillir à la mémoire de leurs proches et prier pour eux. Venu avec ses deux enfants, Younes, 45 ans, a indiqué que depuis la disparition de ses parents, il y a 8 ans, il se rendait chaque année au cimetière ou sont enterrés ses parents pour se recueillir à leur mémoire. "Je viens me recueillir et prier pour eux. Je fais comprendre aux enfants que même si un proche disparaît, il doit toujours demeurer dans nos pensées", a-t-il souligné. Cependant, comme à l'accoutumée, les locaux commerciaux et les magasins de la capitale ont, pour la majorité d'entre eux, baissé rideau, notamment les boulangeries, au grand dam du citoyen. "J'ai mis une demie heure pour trouver au Ruisseau une boulangerie pour me procurer deux baguettes de pain. A chaque fête de Aïd, c'est la même chose, les commerçants et les boulangeries n'en font qu'à leur tête, foulant au pied la réglementation", a relevé, Hamza, pharmacien.