Le long-métrage de fiction "No" du cinéaste chilien Pablo Larrain, projeté lundi en compétition au 4e Festival international du cinéma d'Alger (FICA), met en évidence le rôle du langage publicitaire dans le succès populaire des opposants au maintien de Pinochet au pouvoir lors du référendum de 1988. Réalisé en 2012, ce drame de 117mn relate, de la conception à la diffusion, de spots de campagne d'opposants à Augusto Pinochet, autorisés sous la pression internationale et pour la première fois depuis le coup d'Etat militaire de 1973, à s'exprimer sur les ondes de la télévision publique chilienne. Le succès de cette campagne qui précipitera la chute du dictateur en 1990, est mené grâce aux idées novatrices d'un jeune publicitaire, René Saavedra, campé par l'acteur mexicain Gael Garcia Bernal. Ce dernier, jeune père célibataire nourri aux codes de la publicité (simplicité du message, sentiments positifs, esthétique tout en couleurs, musique, etc...) revenu d'exil, choisit le thème de la joie, un sentiment qui va s'avérer unificateur et porteur d'espoir pour des milliers de Chiliens malmenés par 15 années d'une de dictature militaire les plus sanglantes d'Amérique Latine. Près de 32.000 Chiliens ont été tués ou ont disparu, alors que 38.000 autres avaient été torturés ou exilés sous la dictature d'Augusto Pinochet. Devant le succès du slogan "No Mass" (plus jamais à la torture, à la précarité, etc...) porté par des affiches arc-en-ciel représentant toutes les sensibilités politiques au Chili, René Saavedra va apprendre lui-même à croire à un autre avenir pour son pays. Filmé avec des caméras d'époque qui lui confèrent un aspect plus réaliste, le film met également l'accent sur les tentatives d'intimidation et menaces dont sont victimes les concepteurs de cette campagne médiatique, étonnamment moderne qui détonne avec le lyrisme auto glorifiant du pouvoir en place. Coproduit par le Chili, le Mexique et les Etats-Unis, le film "No", troisième volet d'une trilogie consacrée à la dictature chilienne du réalisateur, avait été nominé aux Oscars en 2013 dans la catégorie du meilleur film étranger. Dédié au film engagé, le 4e FICA se poursuit jusqu'au 26 décembre avec huit longs métrages et onze films documentaire en compétition.