Le juge chilien Juan Guzman Tapia a annoncé lundi qu'il avait ordonné la mise en résidence surveillée et l'inculpation de l'ex-dictateur Augusto Pinochet pour les crimes commis pendant l'Opération Condor, le programme des dictatures sud-américaines pour éliminer les opposants de gauche et d'extrême-gauche. L'application de cette mesure a toutefois été suspendue après une intervention des avocats de l'ancien dictateur, lundi soir, devant la cour d'appel de Santiago. La cour d'appel va devoir maintenant examiner la légalité de la mise en résidence surveillée du général, et sa décision devra encore être ratifiée par la Cour suprême. Le magistrat a expliqué que la santé mentale du général Pinochet, âgé de 89 ans et qui a gouverné le Chili de 1973 à 1990, lui permettait d'être jugé, citant à l'appui “la cohérence et la compréhension des questions et ses réponses pertinentes” pendant son interrogatoire le 25 septembre dernier. Cette décision survient alors qu'il y a un mois, pour la première fois, l'armée chilienne a reconnu la responsabilité des militaires dans les violations des droits de l'Homme sous la dictature et que, début décembre, le gouvernement du président Ricardo Lagos a dévoilé un long rapport sur la torture et les sévices sous la dictature. Le juge Guzman a précisé qu'il avait pris la décision d'inculper le général Pinochet pour la séquestration de neuf victimes de l'Opération Condor, dont les corps n'ont jamais été retrouvés, et pour l'homicide d'une de ces personnes. Cette opération avait eu pour objectif l'élimination physique d'opposants de gauche et d'extrême-gauche sous les dictatures d'Amérique latine dans les années 1970 (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Paraguay et Uruguay). Les familles des victimes se sont félicitées de la décision du juge.