Quelque 5,2 millions d'électeurs tunisiens devront élire, dimanche, un parlement de 217 députés pour une durée de cinq années avec pour principal objectif l'instauration d'institutions pérennes. Le scrutin de dimanche, qui sera suivi par une élection présidentielle, le 23 novembre prochain, devrait marquer la fin de la phase transitionnelle, amorcée au lendemain de la chute du régime de l'ancien président Zine El abidine Ben Ali en janvier 2011 et le règne de la Troïka à l'Assemblée constituante depuis octobre 2011, formée par le parti Ennahda, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol. Même si plusieurs formations politiques sont en lice pour ce scrutin qui voit la participation de 1.300 listes totalisant 13.000 candidats, la scène politique connaît une nette bipolarisation entre le parti islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi et Nidaa Tounes, dirigé par une figure du bourguibisme, Beji Caid Essebssi, Premier ministre du premier gouvernement post Ben Ali. Confiant de sa "popularité" qu'il estime en "nette amélioration", le parti Ennahda a inscrit, dans son carnet de campagne, l'idée de "consensus" qu'il imprègne à une démarche, alliant islam et démocratie qu'il résume dans "un islam moderne, ne se contredisant pas avec la liberté et la démocratie". Ce faisant, le leader d'Ennahda est resté sur la même dynamique consensuelle qu'il a adoptée au lendemain des élections de 2011 en acceptant de s'allier à des courants de gauche pour "sauver le pays du chaos", avait-il alors souligné. L'issue du scrutin dessinera les contours de l'après transition Son clin d'oeil à l'occident, inquiété par les massacres commis par la mouvance djihadiste, est tout aussi clair quand il présente l'islam qu'il revendique comme rempart au développement de l'idéologie intégriste. Reléguant la présidentielle du 23 novembre au second plan, Il se dit optimiste pour remporter les législatives en vue de passer, selon lui, à la deuxième étape de son programme, "le développement et la justice sociale" après la "liberté acquise" pendant les trois années au cours desquelles son parti a dirigé le gouvernement. Seul capable de contrebalancer la popularité d'Ennahda, selon les intentions de vote, Nidaa Tounes qui développe un discours à l'opposé d'Ennahda, tourné résolument, selon son initiateur, vers "plus de démocratie et davantage de liberté", se présente déjà comme le grand vainqueur des législatives. Il ratisse très large y compris dans le vivier des partisans de Ben Ali qu'il dit n'avoir pas l'intention de poursuivre s'il est élu Président et réaffirme son rejet à toute alliance avec les islamistes d'Ennahda. Son principal terreau demeure la lutte contre l'"idéologie rétrograde d'Ennahda" et travaille à constituer un large front contre la formation de Ghannouchi. Par-delà la rivalité entre ces deux tendances politiques qui caractérisent le paysage politique en Tunisie, l'enjeu principal, relèvent des observateurs, a trait à l'impact qu'auront les législatives sur la suite de l'expérience que la Tunisie a eu à vivre dans le sillage des changements brutaux produits dans certains pays arabes. Pour ces observateurs, l'issue des législatives de dimanche "dessinera les contours de ce que sera l'après transition" et aura des conséquences certaines sur l'avenir de la démocratie en Tunisie.