Une nouvelle technique de production fourragère hors sol a été mise au point par un chercheur algérien en agronomie, permettant non seulement de multiplier le rendement de cet aliment de bétail mais d'en assurer aussi la production durant toute l'année. Ce nouveau procédé, appelé fourrage vert hydroponique, peut contribuer à résoudre le problème de déficit de la production fourragère, principal frein au développement de la filière lait en Algérie, explique à l'APS le concepteur de cette technique, Abdelkrim Chenguel, chercheur à l'Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (Anvredet). Conçue pour couvrir les besoins de l'alimentation animale, cette nouvelle technologie permet de produire le fourrage vert sur toute l'année quelles que soient les contraintes climatiques, à la différence du fourrage conventionnel qui est produit à raison de deux récoltes par an uniquement. Selon ce chercheur, il s'agit d'une machine qui joue le rôle d'une serre de culture ou d'une chambre isolée assurant les conditions climatiques favorables au fourrage, permettant d'obtenir 7 kg d'alimentation animale à partir d'un (1) kg d'orge cultivé dans un délai ne dépassant pas les 7 jours. Cette technologie peut même produire sur 50 m2 l'équivalent de ce qui est cultivé sur 40 hectares avec la méthode conventionnelle, assure M. Chenguel. "Les essais de cette nouvelle méthode ont montré des résultats très positifs. Maintenant, je suis à la phase de réalisation du prototype", indique-t-il en précisant que cette nouvelle technique a été enregistrée auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (Inapi). En fait, la culture hors sol a été découverte, pour la première fois, par les chercheurs de l'Agence américaine de l'aéronautique et de l'espace (Nasa), mais cette technologie n'a jamais été transposée vers un domaine précis, explique ce chercheur qui se dit "fier" de l'avoir développée en Algérie. Pour M. Chenguel, qui devrait rencontrer des responsables du ministère de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche pour leur expliquer cette nouvelle technique aux fins de la mettre en application, "cette innovation est importante dans la mesure où elle permet d'assurer la pérennité de la production laitière et d'établir des fermes intégrées". Le prototype du fourrage hors sol, une fois réalisé par l'Anvredet, pourrait être mis à la disposition de l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (Inra) ou l'Institut technique des élevages pour une éventuelle application sur le terrain, avance pour sa part un responsable auprès du ministère de l'Agriculture, Zineddine Yahiaoui. Une nouvelle technique pour développer la production laitière M. Yahiaoui estime que cette expérience est "importante" dans un contexte où les pouvoirs publics visent à développer et à promouvoir la filière lait et l'élevage bovin en vue de réduire les importations de poudre de lait d'ici 2019. C'est que toute augmentation de production du lait cru dépend du développement de la production fourragère, actuellement insuffisante par rapport aux besoins du cheptel. En raison de l'insuffisance de fourrages, la production quotidienne de lait est à peine de 25 litres/vache, alors que les normes internationales oscillent entre 40 et 65 litres. Pour stimuler la filière, le ministère de l'Agriculture envisage, d'ailleurs, de mettre en place un dispositif de soutien à la production de fourrage pour exploiter un potentiel estimé à 250.000 ha. Il s'agit, entre autres, de facilitations pour l'accès au foncier et aux financements nécessaires. En outre, le gouvernement a récemment décidé de nouvelles mesures en faveur des éleveurs et des opérateurs de la filière lait, d'un coût de plus de 200 milliards DA sur la période 2016-2020 dont 25 milliards DA destinés à l'investissement dans les différents segments de la filière, y compris la production du fourrage.