Les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) ont remis en cause la "légitimité" du journaliste, lequel n'a plus le "monopole" de l'information, a estimé lundi à Alger, Dr Fatma Bensaad Dusseaut, enseignante et chercheuse en sciences de l'information et de la communication à l'université de Bordeaux (France). "L'information n'est plus livrée par seulement des professionnels mais aussi par des particuliers et au-delà de la qualité de cette information, c'est toute la légitimité du journaliste qui est remise en cause", a indiqué Mme Dusseaut, lors d'une conférence sur le thème du "journalisme au défi des mutations technologiques: quelle place pour l'éthique?". A ce propos, elle a observé que le journaliste n'a plus le "monopole" de raconter le monde mais de le "faire comprendre et ce, à l'aune des difficultés et des libertés" induites par internet. L'arrivée des nouvelles technologies de communication a conduit à une "richesse dans le contenu informatif, a brouillé les frontières entre le journaliste et le public et a distribué de nouveaux rôles", a poursuivi la spécialiste. S'interrogeant sur la place qu'occupe, par conséquent, un journaliste dans une société marquée par une "indigeste abondance" de l'information, elle souligne: "Pourquoi continuer à payer une information que l'on peut avoir gratuitement"?. Elle avance, à ce propos, que l'invasion du numérique a contraint le journaliste à "justifier et à repenser son utilité sociale" et la conduit à "rivaliser avec des entreprises dont le souci principal est la rentabilité économique". Aux yeux de la conférencière, la formation des professionnels des médias "s'impose" à l'ère de la suppression du papier qui contraint ces derniers à "acquérir de nouvelles techniques afin qu'ils restent maîtres des bouleversements" entraînés par internet. Face, en effet, aux dérives qui ne manquent pas d'accompagner l'utilisation des NTIC, les médias classiques sont appelés à "s'adapter, sans jamais rompre", plaide Dr Dusseaut. A ce propos, l'éthique se place "au cœur de la démarche identitaire" du journaliste, considère la conférencière, citant trois règles faisant la différence entre "les gens de la plume des autres sources d'information", à savoir la "liberté, la vérité et le respect de la dignité humaine". "Les normes sont une balise pour le respect du vivre-ensemble, de la différence", note-t-elle, relevant l'intéressement des professionnels des médias davantage pour les sujets politiques et les affaires publiques alors que les internautes sont plus attirés par l'actualité liée aux technologies, aux faits divers, etc… En dépit de la place grandissante d'internet dans les sociétés contemporaines, la presse traditionnelle n'est pas prête pour s'éclipser, dès lors que, paradoxalement, on "n'a jamais eu autant besoin d'être accompagnés d'une meilleure compréhension du monde et d'une maîtrise des cloisons entre l'info et l'intox", conclut-elle. La conférence animée par Mme Dusseaut s'inscrit dans le cadre du second cycle des rencontres initié par le ministère de la Communication, au profit des professionnels des médias et entamé en décembre dernier.