Le premier Sommet humanitaire mondial prévu les 23 et 24 mai à Istanbul avec la participation d'au moins 80 pays se propose de trouver des manières plus efficaces de faire face à des crises de plus en plus aiguës, a annoncé lundi un haut responsable de l'ONU. Le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien s'est déclaré ‘‘encouragé'‘ par le nombre de participants déjà déclarés, même si ceux-ci représentent encore moins de la moitié des 193 Etats membres de l'ONU. Au dernier pointage, 45 seulement seront représentés par leurs chefs d'Etat ou de gouvernement. Au cours d'une conférence de presse, M. O'Brien a refusé de préciser quels pays ou dirigeants avaient accepté l'invitation mais il a affirmé qu'ils représenteraient une large gamme. Les ONG et le secteur privé seront aussi présents à Istanbul, où 6.000 délégués sont attendus. Il ne s'agira pas à proprement parler d'une conférence de donateurs, a précisé M. O'Brien. Il s'attend cependant à ce que les dirigeants ‘‘s'engagent à agir'‘ et espère que le Sommet va ‘‘fournir l'occasion de renforcer la volonté politique'‘ de faire face à des besoins croissants. Le monde est confronté au plus grand afflux de réfugiés depuis le Seconde Guerre mondiale, a-t-il rappelé : 60 millions de personnes sont déplacées par les conflits comme en Syrie ou lors de catastrophes naturelles, et 125 millions au total ont besoin de secours. ‘‘La situation sur le terrain est en train de changer et donc il nous incombe de changer notre manière de faire, (...) de trouver des moyens plus efficaces et de forger de meilleurs partenariats'‘, a-t-il estimé. ‘‘Le monde se montre plus généreux mais ce n'est pas assez car les besoins augmentent'‘. Selon un rapport de l'ONU publié en janvier et qui sera discuté lors du sommet d'Istanbul, les besoins humanitaires sont passés de 2 milliards de dollars en 2000 à 24,5 milliards l'an dernier. Le rapport préconise de trouver des financements innovants - taxer les matches de football ou les concerts -, de puiser dans la manne que représente la finance sociale islamique, alimentée par les aumônes musulmanes (zakat),et d'améliorer l'efficacité des opérations humanitaires. Selon M. O'Brien, il faut trouver un ‘‘accord global'‘ entre donateurs et ONG ou agences humanitaires, aux termes duquel les premiers accepteraient des versements pluri-annuels sans affectation spécifique et les secondes feraient des efforts de transparence et d'efficacité. A Istanbul, quinze groupes de travail plancheront sur des sujets comme la finance sociale islamique, l'éducation dans les situations d'urgence, le rôle des femmes dans les crises, la protection des journalistes ou encore les principes humanitaires et les lois de la guerre.