Des universitaires et participants au colloque, organisé à l'Université Paris Descartes-Sorbonne sur le Sahara occidental, ont déploré jeudi la "faiblesse" des institutions internationales à l'égard de l'autodétermination du peuple sahraoui, notamment du Conseil des droits de l'homme. "Le droit à l'autodétermination ne fait plus partie de l'agenda du Conseil des droits de l'homme (CDH)", a fait constater la juriste Delphine Lourtau de l'Université de Cornell (New York), alors que "c'est un droit humain très clair en attente d'exécution", a-t-elle souligné dans son intervention intitulée "Revendiquer les droits économiques, sociaux et culturels au Sahara occidental". "Ceci montre, a-t-elle ajouté, les limites du système international et la faiblesse du droit international", recommandant de poursuivre la lutte pour mettre "toute la lumière" sur la question du Sahara occidental. Pratiquement, le débat a tourné, au cours de la session, purement scientifique, sur "Une question de droit(s) avant tout", autour de cette faille du système international et ses institutions, en mettant en relief, notamment, que les multiples conséquences de l'occupation marocaine du territoire du Sahara occidental sur les droits de l'homme. C'est dans ce contexte que Joanna Allan (Université de Leeds, GB) a fait état, sur la base de témoignages poignants et reportages, des atteintes et des abus sexuels subis par les femmes sahraouies au moment de l'occupation. D'autres intervenants ont relevé la sensibilité nationaliste "très élevée" chez les femmes sahraouies qui participent "activement" à la vie sociopolitique sahraouie et sont, dans les territoires occupées, "les premières à protester contre l'occupant". Au cours des débats, le rôle "négatif" joué par les puissances dans le maintien du statu quo a été également abordé dans le sens où aucun des pays occidentaux, qui soutiennent le Maroc, n'est intéressé par l'intégration maghrébine. "La France favorise le Maroc contre les intérêts de la région", a affirmé Yahia Zoubir, chercheur algérien spécialiste du Sahara occidental et du Sahel, qui a déploré la politique de "deux poids deux mesures" dans le règlement de la question sahraouie par rapport aux autres conflits dans le monde. "Le soutien occidental pour le plan d'autonomie du Maroc n'est qu'un subterfuge bien concocté pour légitimer l'annexion par le Maroc de l'ancienne colonie espagnole", a-t-il soutenu, relevant que la France est le pays qui a joué le rôle le "plus essentiel" dans la colonisation par le Maroc du territoire du Sahara occidental. "La classe politique, droite ou gauche, n'ont jamais caché son alignement au Maroc, ce qui est en fait clair que la France utiliserait son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour ne pas imposer une solution qui ne soit pas acceptable par le Maroc", a ajouté ce professeur en relations internationales de Kedge Business School du campus de Marseille. Pour sa part, l'anthropologue Alice Wilson (Université de Durham, GB) a indiqué que le mouvement de libération sahraoui est un mouvement qui "dure dans le temps", relevant que la révolution sahraouie qui s'est déclenchée à une époque donnée, se retrouve actuellement dans un espace temporel. Elle a mis en exergue, dans son intervention, la transformation de la société sahraouie d'une organisation tribale et celle moderne avec les efforts de la République arabe sahraouie démocratique de doter les Sahraouis d'institutions, d'une organisation politique et administrative et veiller à un service public (éducation, santé). Alice Wilson a déploré cette attente pour l'autodétermination, "voulue sciemment", pour apporter une "fatigue révolutionnaire" à la lutte des Sahraouis pour l'indépendance, que certains intervenants au débat ont souligné que l'arrêt de sa lutte armée contre l'occupant "a affecté l'élan révolutionnaire".