Le Forum international de l'énergie (IEF), prévu mardi et mercredi à Alger, mettra à l'épreuve l'efficacité d'un dialogue producteurs-consommateurs dans un marché pétrolier mondial en proie à des bouleversements depuis le dernier IEF tenu en 2014 à Moscou. Ce n'est donc pas fortuit que ce forum, en marge duquel se tiendra une réunion informelle de l'OPEP, soit axé autour du thème "la transition énergétique mondiale: un rôle renforcé pour le dialogue énergétique". Plusieurs experts s'accordent à dire qu'un dialogue constructif entre les pays producteurs eux-mêmes et entre ces derniers et les pays consommateurs constitue, à travers ce forum, une opportunité pour dialoguer et se concerter sur les questions énergétiques. Selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), la demande et l'offre mondiales de brut suivent deux courbes contradictoires. Alors que la demande mondiale devrait augmenter moins que prévu, soit de 1,3 millions de barils par jour (mbj) en 2016 (contre des prévisions initiales d'une hausse de 1,4 mbj) pour atteindre 96,3 mbj en 2016, l'offre mondiale devrait croître à un rythme plus soutenu en 2016, avec un recul moins marqué qu'escompté de la production des pays non-OPEP. Même les interruptions de l'offre enregistrées en 2016 dans ces pays, notamment aux Etats-Unis où la production de pétrole de schiste a reculé de près de 550.000 bj, ont été compensées par une production en hausse de l'OPEP, relève l'AIE. L'offre énergétique mondiale, dont le tiers est assuré par les pays de l'OPEP, pourrait rester excédentaire à court et à moyen termes, selon les prévisions. Cette situation de déséquilibre entre l'offre et la demande a fait chuter les prix de pétrole pour passer de 100-120 dollars au 1er semestre 2014 à moins de 50 dollars actuellement. Face à cette situation où des pays résistent à l'idée d'une baisse de la production en vue d'équilibrer le marché, par crainte de voir d'autres pays en profiter, un dialogue entre tous les acteurs du marché mondial du pétrole et du gaz s'impose. D'où l'importance du 15ème IEF, qui fête son 25ème anniversaire, qui continue à être un cadre informel d'échanges, de concertation et de dialogue entre les producteurs et les consommateurs d'énergie. "Aujourd'hui, seul un dialogue entre producteurs et consommateurs assurera une stabilité pérenne du marché. Les consommateurs seront sûrs d'avoir un approvisionnement régulier, et les producteurs auront en contrepartie des recettes régulières", a souligné à l'APS M. Chems Eddine Chitour, spécialiste des questions énergétiques. Les discussions du forum, programmées mardi en quatre sessions à huit clos, devront aborder la scène énergétique sous quatre angles: le marché pétrolier, celui du GNL, les énergies renouvelables et les réalisations en matière d'efficacité énergétique après la COP21, et la gouvernance énergétique. Deux tables rondes seront consacrées mercredi à l'accès à l'énergie durable comme étant un facteur critique pour le développement humain, ainsi qu'au rôle de la technologie dans le renforcement de la sécurité énergétique. Outre les ministres de l'Energie des pays membres, dont 54 ont déjà confirmé leur présence, les patrons des compagnies pétrolières et gazières et des responsables d'organisations internationales dont l'AIE et le FPEG (Forum des pays exportateurs de gaz) prendront part à cette réunion. OPEP: l'Algérie à pied d'œuvre pour concilier les points de vue Pour la réunion informelle de l'OPEP, l'Algérie, qui travaille d'arrache-pied depuis début 2015 pour rapprocher les points de vue entre les pays membres, promet qu'elle débouchera sur des résultats "positifs". "Tous les pays de l'OPEP sont d'accord pour stabiliser. Il faudrait tout de même trouver la formule agréée par tout le monde", a soutenu dimanche le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, dans une conférence de presse. Selon le ministre, la Russie, l'Arabie Saoudite et l'Iran sont tous favorables à l'idée d'un gel de la production. "Il n'y aura pas d'échec de la réunion informelle de l'OPEP à Alger: Si on arrive à un accord c'est bien, si on sort avec des éléments d'un accord c'est aussi bien", a assuré M. Boutarfa. A deux jours de la réunion informelle de l'OPEP à Alger, les cours du Brent se sont redressés à plus de 46 dollars à Londres.