Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a appelé mercredi l'Union africaine (UA) à assumer sa responsabilité face aux graves développements de la situation au Sahara occidental et aux tentatives d'imposer la politique du fait accompli dans les territoires d'un membre fondateur de l'UA. Dans son intervention par visioconférence lors des travaux de la 21e session extraordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine, le chef de la diplomatique algérienne a précisé que "face aux graves développements de la situation au Sahara occidental, notre organisation continentale, qui a joué un rôle constructif dans l'élaboration et l'adoption du plan de règlement onusien, ne peut pas rester en marge", soulignant que "vu l'échec total du mécanisme de la Troïka, le Conseil africain de paix et de sécurité doit assumer la responsabilité qui lui incombe, conformément au texte de son protocole d'institution". Après avoir affirmé que la situation actuelle au Sahara occidental "constitue une source de grande inquiétude pour l'Algérie", M. Boukadoum a prévenu qu'"outre les tentatives d'imposer la politique du fait accompli dans les territoires d'un membre fondateur de notre organisation, les violations enregistrées contre des civils dans la région d'El-Guerguerat ont posé de sérieux défis susceptibles de mettre en péril la paix et la sécurité dans toute la région". Ces développements, a ajouté le ministre des Affaires étrangères, "interviennent au moment où le processus politique de l'ONU pour le règlement de la question sahraouie se trouve dans une impasse sans précédent qui a exacerbé les souffrances du peuple sahraoui en l'absence de perspectives de négociations politiques sérieuses permettant l'autodétermination du peuple sahraoui". Il est à noter que la 21e session extraordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine vient en préparation des travaux des 13e et 14e sessions extraordinaires de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA, prévus les 5 et 6 décembre 2020, et consacrées respectivement à "la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf)" et au thème "faire taire les armes en Afrique". Selon M. Boukadoum, ces deux prochains sommets "permettront de cristalliser une vision claire sur les futures étapes à même d'accélérer la concrétisation du projet visant à faire taire les armes et d'opérationnaliser la Zlecaf". Lire aussi: La communauté internationale doit "décoloniser le Sahara occidental" pour "garantir la stabilité" dans la région Dans ce cadre, le ministre des Affaires étrangères a émis quelques observations concernant le projet africain visant à débarrasser le continent des affres des conflits et des guerres. Il a, à cet égard, souligné la nécessité de "reconnaître les efforts consentis par l'Union africaine, de concert avec l'ONU et d'autres parties, pour atteindre ce noble objectif, lesquels efforts, a-t-il dit, ont donné de bons résultats dans de nombreuses zones de conflit en Afrique". "La reconnaissance renouvelée du rôle accompli par notre organisation continentale et l'application du principe +les solutions africaines aux problèmes africains+ en collaboration avec nos partenaires, ont grandement contribué à la réalisation de ces résultats", a-t-il estimé. Evoquant la situation sécuritaire en Afrique, le chef de la diplomatie algérienne "a déploré le retour des foyers de tension armée dans le continent, voire même des tentatives récurrentes pour défaire le rôle de notre organisation et l'empêcher d'assumer ses responsabilités dans le traitement des causes africaines". Boukadoum s'est dit "pleinement" convaincu que "la promesse tenue par les pays de l'UA en 2013 de ne pas faire hériter les tribus des conflits actuels aux générations futures reste toutefois tributaire de la poursuite de la lutte antiterroriste en asséchant ses ressources et en refusant de payer les rançons". Il serait tout de même judicieux d"œuvrer à faire appliquer les résolutions onusiennes portant interdiction des armes et à lutter contre leur trafic illicite", a-t-il soutenu. Dans un autre contexte, il a mis l'accent sur l'impératif de "tracer dans l'urgence les frontières entres les Etats membres de l'UA, dans le strict respect du principe de l'intangibilité des frontières au moment de l'accession à l'indépendance". Et de réitérer, par là même, la disposition de l'Algérie à "poursuivre ses efforts en faveur de l'instauration de la paix et de la sécurité en Afrique, conformément aux principes de l'UA stipulés dans l'article quatre (4) de son acte constitutif". De même qu'il a rappelé qu'au volet continental, l'Algérie "continue à accompagner les frères maliens dans l'application des clauses de l'Accord de paix, issu du processus d'Alger, et s'emploie à mener à bien la transition dans ce pays frère". L'Algérie s'attèle, poursuit le ministre, à "soutenir le processus onusien visant à trouver une solution pour la crise en Libye dans le cadre du respect de la souveraineté du peuple libyen et de l'unité de son territoire". Au terme de son intervention, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé que "la fidélité aux idéaux de nos pères fondateurs de l'UA et l'engagement total aux principes stipulés dans l'acte constitutif demeurent le seul référentiel en mesure de nous booster vers la réalisation de l'Afrique que nous voulons tous, un continent sécurisé, complémentaire et épanouie".