Depuis quelques jours une joute verbale oppose des responsables russes et occidentaux autour d'une présumée "instrumentation" par Moscou et Pékin des vaccins contre la Covid-19 pour les besoins de leur propagande au niveau international. Vendredi, c'était le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui avait accusé Moscou d'utiliser son vaccin, Spoutnik V, comme un outil de "propagande". "A la manière dont c'est géré, c'est plus un moyen de propagande et de diplomatie agressive qu'un moyen de solidarité et d'aide sanitaire", a déclaré vendredi le chef de la diplomatie française sur radio France Info. "La Chine, la Russie mènent une politique d'influence par le vaccin avant même de vacciner leur propre population", a-t-il dit. Citant le cas du Sénégal, Le Drian a relevé que quand la Chine annonçait "avoir livré 200.000 doses à ce pays", Covax en avait "déjà livré" le double. Covax est un mécanisme mondial visant à donner accès de manière équitable à la vaccination anti-Covid-19. "Malgré le succès proclamé de son vaccin Spoutnik V, homologué dans 56 pays, à grand renfort de propagande publique, la Russie peine à vacciner sa population, dont une part importante reste méfiante", a ajouté le ministre. Jeudi, le président français, Emmanuel Macron a soutenu que le monde était "face à une guerre mondiale d'un nouveau genre" et "face notamment aux attaques et aux velléités de déstabilisation - russes, chinoises - d'influence par le vaccin". La Russie répond De son côté, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken a indiqué le jour même que la Russie et la Chine déployaient des efforts en vue de ternir l'image des vaccins concurrents à ceux mis sur le marché par ces deux pays. Vendredi, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a affirmé que ni la Russie ni la Chine n'utilisaient leurs vaccins comme d'un "outil d'influence" sur la scène internationale. "Nous ne sommes absolument pas d'accord (avec les accusations) disant que la Russie et la Chine utilisent la pandémie du coronavirus et la problématique des vaccins comme des outils d'influences", a-t-il assuré. Il a également démenti le fait que la Russie et la Chine mènent une guerre quelconque. De son côté, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova a critiqué les propos d'Antony Blinken l'invitant à apporter des preuves sur ce qu'il avance, déplorant le fait qu'il ait accusé son pays d'avoir voulu porter atteinte à l'image des vaccins occidentaux. Quelques jours plus tôt, le 22 mars, le président russe Vladimir Poutine avait dénoncé la position "conflictuelle" de l'UE (Union européenne) à l'égard de la Russie lors d'un entretien téléphonique avec le président du Conseil européen Charles Michel. "Vladimir Poutine a estimé que l'état des liens Russie-UE n'était pas satisfaisant du fait de la position non-constructive et parfois conflictuelle des partenaires" européens, a indiqué le Kremlin dans un communiqué.