L'ex-journaliste et présentateur licencié de BFMTV, Rachid M'Barki, a été interrogé mercredi par une commission d'enquête parlementaire, sur les ingérences étrangères dans son travail au profit du Maroc. Le journaliste franco-marocain a été interrogé pendant plus de deux heures par la commission d'enquête parlementaire présidée par le député du Rassemblement national, Jean-Philippe Tanguy. Accusé de servir la propagande du Makhzen en diffusant des informations biaisées, orientées et non validées, le présentateur franco-marocain de 54 ans a été suspendu le 11 janvier dernier par la direction de la chaîne française et licencié le 22 février, suite à une alerte donnée par un journaliste de Radio France qui travaillait sur la vaste enquête "Story Killers" coordonnée par le consortium Forbidden Stories. M.M'Barki a reconnu que le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, cité dans l'enquête de Forbidden Stories, était l'un de ses "informateurs". Il a également admis avoir fait passer à l'antenne des images fournies à sa demande par ce lobbyiste, dont celles sur un forum économique entre le Maroc et l'Espagne organisé en juin au Sahara occidental occupé. La commission d'enquête doit entendre jeudi le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel. "En auditionnant le journaliste, les députés souhaitent étudier les potentielles ingérences étrangères qui pourraient infiltrer les médias français, ainsi que de déterminer si des acteurs étrangers influencent de quelque manière que ce soit la vie politique et économique nationale", selon "Puremedias" site spécialisé dans l'actualité des médias. La chaîne d'information a également porté plainte contre X pour "corruption passive et abus de confiance". La direction du média reproche particulièrement à Rachid M'Barki la diffusion d'un sujet relatif à un forum économique entre le Maroc et l'Espagne organisé en juin 2022, et dans lequel le présentateur défend les thèses du Makhzen concernant le Sahara occidental. Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, Rachid M'Barki évoque la tenue de ce forum dans la ville occupée de Dakhla qu'il a présentée comme relevant du territoire marocain. Tout a éclaté suite à une alerte donnée par un journaliste de Radio France qui travaillait sur la vaste enquête "Story Killers" coordonnée par le consortium Forbidden Stories. L'enquête a révélé que BFM TV avait diffusé des informations fournies par une agence de désinformation pilotée par une officine sioniste qui vend ses services dans le monde entier. Rachid M'Barki a reconnu des opérations "d'entrisme" et confessé une "erreur de jugement journalistique" qui l'aurait conduit à "rendre service à un ami". L'enquête visait des "informations diffusées dans le journal de la nuit entre minuit et 4h30 du matin, qui seraient passées à l'antenne sans être validées par la chaîne habituelle, c'est-à-dire le rédacteur en chef", selon des sources concordantes. Selon le directeur général de BFM TV, Marc-Olivier Fogiel, l'ex-présentateur "s'arrangeait pour demander (des) images à la dernière minute" pour illustrer des brèves, "une fois que le rédacteur en chef était pris sur une autre tranche et avait validé l'ensemble de son journal". A noter que BFM TV a procédé récemment à la suite de ce scandale à une série de nominations au sein de ses services, touchant nombre de postes de responsabilités.