"Certaines photos peuvent heurter la sensibilité du public" est l'avertissement qui accueille les visiteurs de l'exposition sur les massacres de Ghaza du photographe Kai Wiedenhofer, organisé au Musée d'art moderne (MAM) de Paris. Dès l'entrée dans la salle d'exposition, le visiteur est pris à la gorge par l'étendue de l'horreur qui défile sous ses yeux. Les conséquences de l'opération "Plomb durci", menée par l'armée israélienne pendant 22 jours contre la population civile de Ghaza s'étale sans pudeur ni retenue. Des maisons soufflées par des obus, des mosquées détruites, des châteaux d'eau dévastés, des clubs de sports démolis, des hôtels en ruines, même le siège de l'UNRWA, n'a pas échappé au déluge de feu et de flammes de l'armée israélienne. En tout, 15000 habitations détruites, soit les trois/quart des infrastructures anéanties, et pas encore reconstruites, Israël refusant d'autoriser l'importation matériaux de construction dans la bande de Ghaza. Des délégués d'Amnesty International ont enquêté à Ghaza sur plusieurs attaques et conclu que la destruction s'était la plupart du temps avérée gratuite, délibérée et non justifiée par une "nécessité militaire". Les victimes se comptent par milliers, soit 1500 morts dont quelque 300 enfants, les blessés par dizaines de milliers. L'exposition photographique dévoile la nature des blessures subies par les civils. Les bombes au phosphore utilisées par l'armée israélienne ont laissé des dégâts incommensurables sur le corps des victimes. Chima Saad, 10 ans, a subi une colostomie suite aux bombardements au phosphore. Il ne peut se nourrir qu'avec des aliments mous, son estomac contient encore des éclats d'obus et ne peut plus se rendre à l'école. Jamila al-Sabah, 16 ans, élève de seconde, a été touchée par un missile alors qu'elle jouait sur le toit de sa maison. Elle perdit une jambe et toutes les interventions chirurgicales ont été non concluantes pour récupérer l'usage de son bras. Sabah Abu Halima, 45 ans, a été sévèrement brûlée par 3 obus au phosphore qui ont frappé sa maison de Beit Lahya. Quatre de ses enfants sont morts de même que son mari. Sa fille, enterrée vivante par les soldats israéliens, fut déterrée par un chien qui l'a à moitié dévoré. A plusieurs reprises, les troupes israéliennes ont contraint des civils palestiniens à leur servir de boucliers humains. De plus, la plupart des civils palestiniens ont été victimes d'attaques menées à l'aide d'armes de haute précision capables de frapper leur cible dans un rayon d'un mètre. Les exemples cités par ce photographe sont multiples. Corps brûlés, crânes déformés, troncs amputés, yeux crevés. Toutes les photos exposées démontrent que rien n'a été livré au hasard par l'armée israélienne qui a mené ses attaques sans discrimination à l'aide d'armes qui ne devraient, en aucun cas, être utilisées dans des zones à forte densité de population civile. Des extrémistes juifs ont attaqué, dimanche soir, le MAM, pour tenter de détruire cette exposition photographique, en réponse à l'appel du Conseil représentatif ces institutions juives en France (CRIF). L'accès leur ayant été barré par le service de sécurité du musée, ils ont alors perturbé l'entrée des visiteurs en scandant des slogans hostiles à la direction du musée.