Située à la lisière territoriale des communes de Bouhamza et de Tamokra, la station thermale de Sidi Yahia est un site mythique, à la fois historique et touristique. A vue d'œil, le site donne l'aspect d'un coin délaissé au bord d'une rivière empestée par les déchets et les immondices. Les bâtisses sont vétustes, construites en pierre et en argile avec des toitures en tuiles. En somme, un amas de maisonnettes perdues au creux de la rivière. Plus haut, un rocher surplombant la source porte à ce jour, comme nous le rapporte la légende, l'empreinte du sabot du cheval de Sidi Yahia. Sur le bord de la rivière toutes sortes de déchets jonchent la rive. Au plus haut de la source, une grotte, le coin le plus attrayant pour les visiteurs, aiguise la curiosité. Des dizaines de personnes s'y rendent quotidiennement. Pour les uns, ce n'est qu'une simple balade, pour d'autres, c'est le coin le plus sacré du site. En effet, c'est là qu'on implore Sidi Yahia pour qu'il exauce les vœux. Sur le lieu, on fait la prière de circonstance et on dépose des offrandes. La station est alimentée en eau potable à partir d'un puits creusé dans le lit de l'oued. Ce dernier est complètement à sec ces derniers jours. Les travaux d'adduction des eaux du barrage de Tichi-Haf vers la station de traitement en cours de réalisation dans le territoire de la commune d'Ait Rzine en sont la cause. L'établissement est alimenté désormais à l'aide de citernes affectées par la société chargée des travaux. Une cafétéria modestement équipée est le lieu privilégié pour des rencontres. Une aire de stationnement est improvisée sur le lit de l'oued où se garent les véhicules venus des différentes régions du pays. Des gens viennent pour des cures thermales. « Les plus assidus sont les habitants des villages de Tizi Ouzou. Ils viennent en groupes par bus loués pour la circonstance », nous dira un habitué des lieux. Parmi les gens qui viennent régulièrement, il y a ceux qui suivent des cures, certains pour soigner de simples courbatures, d'autres pour des problèmes de santé plus sérieux. C'est durant les week-ends que la fréquentation est la plus importante. Les prix des modestes chambres proposées aux clients varient entre 200 et 400 DA. Les recettes de location sont perçues par l'association religieuse qui gère aussi la Zaouia de Sidi Yahia, sise au village de Tamokra. Ses membres sont les descendants de la tribu de Sidi Yahia El Aidli. « Avant, c'était les familles de la même tribu qui se relayaient pour assurer la gestion de l'établissement. Actuellement, nous sommes deux locataires de la station » nous dira M. Beldjoudi Ziad. « Nos recettes sont minimes. Regardez tout ce monde qui attend son tour pour aller aux bains ; si nous faisons payer 50 DA par personne, nous aurions jusqu'à 6000 DA la journée, uniquement pour les recettes des baignades », fait remarquer Si Mohand Tayeb, le chargé de la location. Au restaurant, de modestes repas sont proposés à des prix allant de 80 à 200 DA. « Mais les gens préfèrent se déplacer avec leur provisions » confie notre interlocuteur. La gestion archaïque du site n'est pas sans répercussions sur la qualité des prestations de service. Le président de l'APC de Bouhamza souhaite que la station soit prise en charge par l'Etat. « Il est plus bénéfique pour la région de réaliser un complexe touristique sur le site, en réservant une quote-part des recettes à la Zaouia de Sidi Yahia, que de maintenir les choses au stade actuel » suggère notre interlocuteur. « Nous avons vu défiler plusieurs fois sur les lieux des commissions pour établir des fiches techniques, mais aucune n'a abouti » a-t-il encore déploré.