Quatre jours après qu'une femme de 54 ans, mère de sept enfants, s'est pendue à une corde, une autre personne, un jeune homme de 30 ans s'est donné la mort par pendaison. Le 20 décembre, la wilaya de Béjaïa a déploré son 66e suicide de l'année 2004. Un seuil alarmant jamais atteint dans la région. Du moins pas pendant ces cinq dernières années. La proportion est d'autant plus importante si l'on fait la comparaison d'avec le bilan de 2003, qui a affiché la moitié du chiffre actuel. Sans prendre en compte l'élément pesant qu'est le tabou, et qui est souvent à l'origine de la dissimulation des décès par autolyse, le bilan est déjà macabre. Les chiffres de la Protection civile, qui intervient dans les deux zones urbaine et rurale, faut-il le noter, sont effrayants. Ils apprennent que parmi les victimes, figurent 12 femmes et 6 mineurs. Le phénomène touche essentiellement les 20-30 ans (27 cas) et à un degré moindre, les 30-40 ans (13 cas). Suivent alors, les moins de 20 ans avec 9 cas d'autolyse. Il demeure cependant surprenant, du mois pour le profane en matière de psychologie, de constater que le suicide n'épargne pas le troisième âge. Parmi la dizaine de victimes âgées de plus 50 ans, deux octogénaires ont mis fin à leurs jours. Le gros des suicides a eu lieu à la lumière du jour (avant 18h) et dans la zone rurale (54 cas) avec une relative concentration pendant le printemps. Un autre élément qui relativise la sentence des psychiatres qui, eux, avancent plutôt que le phénomène tend à se développer durant l'été. Le classement par régions donne à la daïra d'Akbou le triste record du nombre de suicidés (13 cas) devant les daïras de Béjaïa (8), d'Aokas (7), d'Amizour (6)... C'est par pendaison que 58 personnes se sont donné la mort alors que le reste des victimes a eu recours à des armes blanches ou au feu, ou se sont tout simplement jetées dans le vide, comme l'ont déjà fait du haut de la place Colonel Amirouche (ex-Gueydon) des sujets désespérés.