Mandla Langla, 58 ans, est un homme de lettres sud-africain. Il fut pendant longtemps responsable de la culture et de la formation politique au sein de l'Africain National Congress (ANC) durant la lutte contre le régime de l'apartheid. Il fut conseiller culturel durant la présidence de Nelson Mandela. Il a dirigé les programmes de la télévision publique, présidé l'Autorité indépendante de l'audiovisuel et fut élu président du Congrès des écrivains sud-africains. Au Salon international du livre d'Alger (Sila), il a animé un café littéraire. Brève rencontre. C'est la première fois que vous visitez l'Algérie. Ce pays représente quoi pour vous ? Le peuple sud-africain a retenu comme principale source d'inspiration la venue en Algérie de Nelson Mandela pour demander de l'aide aux fins de combattre le régime raciste de l'apartheid (le chef de l'ANC est venu en 1961 en Algérie où il a eu une formation militaire dispensée par l'ALN aux frontières). Dans mon dernier livre, je souligne que la justification de la violence contre le colonialisme était basée sur l'exemple du FLN contre l'occupant français en Algérie. Est-ce que cet esprit de libération existe tou jours en Afrique ? En principe, le colonialisme a été défait en Afrique. Mais, dans les faits, il revient sous d'autres formes. C'est donc une lutte permanente. La majorité des peuples africains ont cet esprit de bataille, particulièrement en Afrique du Sud. Pourquoi la culture africaine peine-t-elle à s'imposer ? La culture est une question complexe. Cela implique beaucoup de personnes. Il faut toujours chercher l'équilibre. Mais, pour l'essentiel, les gens doivent être unis pour avancer. Ceux qui sont au gouvernement et en haut de la hiérarchie, commettraient une grosse erreur s'ils ignoraient des gens d'en bas. Cela va dans les deux sens, du haut vers le bas et du bas vers le haut. Faut-il avoir des régimes démocratiques pour aboutir à ce résultat ? Absolument ! L'Africain National Congress, (ANC), a été parmi les rares mouvements de libération qui se soit doté d'un département de la culture, même dans l'exil. L'ANC a compris l'importance de la culture dans le combat et pour la libération de la femme et de l'homme. Peu d'auteurs africains ont reçu le Nobel de littérature, cela est-il dû au racisme ? C'est une question complexe. Je ne crois pas que cela soit lié au racisme. Mais, il faut étudier cette situation de près. Le dernier Nobel de la littérature est revenu à un auteur français (J. M. Le Clézio). C'est une question qui mérite d'être approfondie. Je ne sais pas quelles sont les véritables motivations du comité Nobel, mais je crois qu'il n'existe pas une juste perception de ce qui se passe en Afrique. Les Africains doivent se battre de plus en plus pour s'imposer sur la scène internationale.