Une base de l'Est, partie d'une poignée d'hommes de Beni Salah sur les hauteurs boisées d'El Tarf pour devenir une incontournable plateforme logistique à Ghardimaou (Tunisie) à une trentaine de kilomètres au sud-est d'où des légions de moudjahidine sont parties à l'assaut des sinistres lignes Challe et Morice, mises en place précisément pour endiguer les infiltrations de combattants qui ont atteint le nombre de 10 000. Une armée des frontières dont les chefs se sont emparés du pouvoir à l'indépendance et le gardent encore férocement. Amara Laskri dit Bouglez est le principal fondateur de cet appareil militaire qui prétendait au départ être une wilaya politique et militaire du FLN comme les 7 autres, en comptant la fédération de France bien entendu. Bouglez parce que ce combattant de la première heure, né en 1925 à Merdes (Ben M'hidi, Tarf), qui s'est rebellé à 22 ans contre les affres du colonialisme, fort d'une formation d'officier dans la marine française qu'il quitte après la seconde Guerre mondiale, est le fils de Tahar Laskri, surnommé Bouglez lorsqu'il vient s'installer à Bouteldja pour l'entretien des sources de Bouglez (dont le nom est une contraction de boue-glaise qui est la nature du sol où se trouvent ces résurgences) à 5 km au nord de cette localité. Sa famille est connue dans la région pour avoir donné des ministres comme son frère Ahcène, des artistes de talent comme son cousin, le cinéaste Amar ou des scientifiques avérés comme Mohamed Tayeb, recteur de l'université de Annaba. Amara Bouglez était un baroudeur intelligent et un chef respecté par ses hommes et ses lieutenants qui vont le soutenir lorsque la zone de Souk Ahras entre en dissension avec le CCE. Il va rester aux commandes de la Base de l'Est jusqu'à son départ organisé à Baghdad en qualité de conseiller militaire. Il est décédé en 1995. Le colloque qui lui a été consacré par les moudjahidine d'El Tarf est une première reconnaissance de cet indomptable chef des Béni Salah. On sait encore trop peu de choses sur son parcours…