Miloud Hadefi fut avec Mustapha Zitouni l'un des meilleurs défenseurs que le football algérien ait produits, toutes générations confondues. La classe à l'état pur. C'était un très grand joueur qui, malheureusement, n'a pas eu la chance de réaliser la carrière qu'il méritait tant en club qu'en sélection. Il est né le 12 mars 1949 au sein d'une famille de sportifs. Son père était un ancien footballeur, qui a embrassé la carrière d'entraîneur au lendemain de son parcours de joueur. Comme tous les enfants de son âge, Miloud a fait son apprentissage lors des interminables matchs de quartier. Rapidement, il a attiré les regards et l'attention des dirigeants du football à Oran. Ses premiers pas de footballeur, il les a faits au sein des petites catégories de l'ASM Oran. En cadet pointait déjà son talent naissant. Sans surprise, il remporta le concours du jeune footballeur à la grande joie de son pèrel qui le suivait de près mais sans trop s'impliquer dans ses choix. Et c'est tout naturellement qu'il a rejoint le grand club de la ville d'Oran, le MCO, avec lequel il allait définitivement s'affirmer comme le meilleur défenseur de l'époque. Il n'a pas tardé à frapper aux portes de l'équipe seniors. Le prestigieux tournoi international de la ville de Roubaix (France) allait lui servir de tremplin. Le sélectionneur de l'époque, le Français Lucien Leduc, était tombé sous le charme de ce jeune joueur aux qualités techniques et physiques très au-dessus de la moyenne. L'Algérie tenait en lui le digne successeur de l'immense Mustapha Zitouni. Sur ce chapitre Hamid Zouba, ancien sélectionneur, affirme : «Dans ma carrière de joueur et d'entraîneur, j'ai vu deux très grands défenseurs. Mustapha Zitouni et Miloud Hadefi. Ils possédaient les mêmes qualités et caractéristiques. C'étaient des arrières centraux qui contrastaient totalement avec le profil de défenseur qu'il y avait à l'époque. D'abord, ils étaient techniques. Leur intelligence dans le jeu était leur grande force. Ils anticipaient beaucoup, ne commettaient pas de faute, sortaient le ballon proprement et savaient apporter la supériorité numérique. Ils étaient à mon humble avis les meilleurs défenseurs que le football algérien ait produits.» Lucien Leduc n'en pensait pas moins et n'allait pas tarder à faire appel au jeune Miloud qu'il a fait jouer contre le Maroc (0-0) à Casablanca où il est entré en seconde mi-temps à la place de Messaoudi. L'Algérie préparait les éliminatoires des Jeux olympiques de Mexico. Le 27 juin 1968, Lucien Leduc l'a aligné comme titulaire aux côtés de Tahar Benferhat contre la Guinée à Casablanca (2-2). Il avait tout juste 19 ans. Sa carrière était définitivement lancée. Il porta 46 fois le maillot de l'équipe nationale. Il a été retenu deux fois par la Confédération africaine de football (CAF) dans la sélection continentale qui a participé à la Coupe intercontinentale au Brésil en 1972 et au Mexique en 1973. Au Brésil, il a fait forte impression au sein de la sélection du continent. A 24 ans, il était aussi fort que les défenseurs brésiliens et européens qui ont participé à ce tournoi. Les presses sud-américaine et européenne n'ont pas tari d'éloges sur le joueur algérien auteur de très belles prestations. Au contact des grands joueurs qui l'avaient précédé en équipe nationale, le jeune Miloud s'est forgé un caractère et a rapidement mûri pour devenir incontournable en sélection. En parallèle à l'équipe nationale, il avait pris du galon au MC Oran dont il était devenu la principale attraction. Sanctionné par la Faf pour avoir contesté le match amical France espoirs – Algérie de 1971 Comme joueur il a tout connu, a remporté des titres (championnat et coupe d'Algérie). Son tempérament ne s'accommodait pas avec les demi-mesures. Lorsqu'il jugeait que quelque chose n'allait pas, il n'était pas le dernier à pousser un coup de gueule comme au début du printemps 1971 à l'occasion du match amical France Espoirs -Algérie. Avec Ahcène Lalmas, il a pesté contre le choix de la fédération de jouer ce match. L'équipe nationale devait jouer un match contre la Guinée dans le cadre des éliminatoires des Jeux olympiques de Mexico 1968. Miloud Hadefi avait estimé et l'a déclaré qu'il aurait été préférable de choisir un autre adversaire et surtout de se préparer en Afrique pour s'acclimater aux conditions le jour du match. La fédération avait un tout autre avis. Elle a choisi Paris. Le jour du match, il faisait très froid, il avait neigé. Les conditions étaient exécrables. La France s'est baladée (7-2). Elle a mené 7-0 avant que Fréha et Kalem ne réduisent le score en fin de partie. Au retour à Alger, la fédération prononce une lourde sanction à l'encontre de Lalmas et Hadefi. Un an de suspension en club et en sélection. Miloud Hadefi a ensuite renoué avec le football au sein du MC Oran. Il continue à jouer au Mouloudia jusqu'en 1971 qu'il quitte pour rejoindre le WA Tlemcen où il reste 2 saisons avant de retourner au bercail. En 1979, il rejoint le Croissant Club de Sig (CCS) en compagnie de Sid Ahmed Belkedrouci et Medjahed. Il reste 2 saisons à Sig dont une comme entraîneur-joueur. A l'appel du MC Oran, il revient à la maison où il termine sa carrière en 1981, à l'âge de 32 ans. Il troque les crampons de joueur contre le survêtement d'entraîneur. Il dirige simultanément le MCO et Sig. Il décède le 6 juin 1994, c'est-à-dire 4 jours avant la demi-finale de coupe d'Algérie MC Oran-AS Aïn M'lila d'un anévrisme cérébral. Il avait 45 ans. Miloud Hadefi est parti très jeune, trop tôt. Depuis, il n'a pas été remplacé ni en club ni en équipe nationale. Yazid Ouahib [email protected]