Si une minorité de praticiens privés se rapprochent des normes requises pour la pratique de leur noble métier, il n'en est pas de même pour un grand nombre de médecins, chez qui l'on déplore un manque flagrant en matériel et commodités. Rares sont les cabinets où les toilettes sont ouvertes aux patients à Souk Ahras sous des prétextes pas très convaincants, tels que l'absence d'un agent de nettoyage dans ces lieux. Un septuagénaire, venu d'une commune distante de 50 km du chef-lieu a fait part d'une situation qu'il a vécue lui-même. «Je souffre de plusieurs maladies et il m'est difficile de résister au besoin d'uriner (…) les sanitaires du médecin étaient fermés et cadenassés et quand j'ai demandé les clés, l'infirmier m'a comblé de reproches, arguant que ce sont les instructions du médecin lui-même», a-t-il dénoncé. Le manque d'hygiène et d'aération, les locaux mal adaptés et parfois menaçant ruine, l'absence de sièges dans les salles d'attente… et une foule d'insuffisances matérielles réduisent la portée humaine de la profession. Pour les chirurgiens-dentistes, c'est surtout l'autoclave qui fait défaut et l'on n'est pas sûr par ces temps de risques épidémiologiques que des dispositions ont été prises pour remédier au problème. Voici la déclaration d'un autre patient : «Chaque visite chez un dentiste est synonyme pour moi et ma famille de grandes appréhensions, à cause des autoclaves déposés à titre décoratif et qui ne sont jamais mis en marche. S'agissant des médecins spécialistes, le calvaire commence à 4 heures. Les malades doivent, à la fois, se réveiller au petit matin pour inscrire leurs noms sur les listes improvisées et parfois collées sur la porte du médecin. Lequel médecin fera en sorte que la salle d'attente soit archicomble pour enfin décider de quitter sa maison et daigner recevoir ses «clients» et c'est généralement aux alentours de 10 heures que les consultations sont entamées. Faute de matériel médical, des dizaines de patients sont orientés vers les laboratoires d'analyses nommément cités par le médecin. Là commencera le calvaire de ces derniers qui vont se retrouver en surnombre face à des infirmiers submergés par les foules qui déferlent des quatre coins de la wilaya. Bousculades, comportements revêches de la part des infirmiers et autres laborantins mal formés pour l'accueil du public, erreurs monumentales dans les analyses, prix prohibitifs, favoritisme, népotisme et dépassements visibles quotidiennement auprès du personnel exerçant… achèvent ce qui reste chez ces personnes vulnérables de par leur état de santé.