Dernièrement, le département de la santé a rappelé aux chirurgiens dentistes l'obligation de disposer d'un autoclave pour la stérilisation de leur matériel. Trois années après la décision, certains dentistes ne se sont pas conformés à cette exigence. Pourtant, l'ancien matériel, le Poupinel, n'est plus d'usage ailleurs et est toujours opérationnel chez nous. Il n'est pas aussi performant étant donné qu'il utilise la vapeur chimique ou la chaleur sèche ce qui ne donne pas une stérilisation efficace contre les virus. La généralisation de l'autoclave permet la stérilisation par la vapeur d'eau distillée à 134 degrés pendant quelques minutes. Ce procédé a montré son efficacité pour vaincre le virus du sida et de l'hépatite. Quand on sait que le Sida et les hépatites sont des maladies lourdes autant pour l'Etat que pour le patient, on ne peut que saluer cette décision dont le but est d'endiguer la transmission des maladies virales. Mais les citoyens connaissent t-ils l'autoclave ? En ont-ils entendu parler ? Sont-ils au courant de la décision récente du ministre ? La majorité des malades ignore que le matériel dentaire doit être stérilisé avant l'utilisation. Pour n'importe qu'elle problème dentaire, ils vont se faire soigner sans prendre la précaution de vérifier si le chirurgien dentiste possède ou pas un autoclave. Au niveau d'un cabinet dentaire à Alger, les patientes, dont la majorité sont des mères de famille, ignorent l'existence même de cet appareil. « L'essentiel est de repartir sans une rage de dent », dira l'une d'elle. Une autre, qui doit placer un bridge, se rappelle du Poupinel. Elle sait que les instruments sont lavés à l'eau de javel puis mis dans une sorte de four à micro ondes mais l'autoclave, elle ne connaît pas. Dans la salle d'attente d'un chirurgien dentiste à Hammamet, trois malades attendent leur tour. Une jeune fille a pris rendez vous pour un détartrage, une mère de famille pour une extraction et un sexagénaire pour l'essayage du dentier. Tous les trois n'ont jamais posé de questions sur l'autoclave, le nouvel « outil » pour stériliser le matériel. Mais la jeune fille a remarqué dans le cabinet la nouvelle acquisition mais sans poser de question. L'essentiel pour elle est de sortir avec des dents blanches et un sourire éclatant. Toutefois, la mère de famille a entendu parler de cet instrument à la télévision mais sans chercher à comprendre son utilité par rapport à l'ancien système de stérilisation. Idem pour le sexagénaire qui a refait sa dentition. « Je fais confiance à mon dentiste » dira-t-il. Il ajoutera que « depuis son installation à Bainem, il y a plus d'une vingtaine d'années, tout le monde dit du bien de lui. C'est grâce au bouche à oreille que mon épouse, mes voisins ainsi que mes enfants se sont fait traiter dans son cabinet. Quant à la stérilisation des instruments dans l'autoclave, c'est aux personnes censées opérer le contrôle de le vérifier en faisant des sorties inopinées sur le terrain ». Un chirurgien dentiste qui veut garder l'anonymat a, pour sa part, acquis l'autoclave depuis trois ans conformément aux instructions du ministère. Il affirmera qu'à Alger, la majorité des confrères et consœurs se sont dotés de cet instrument. Concernant les patients, « très peu demande, par curiosité, des renseignements sur la nouvelle acquisition sans demander plus de détails » a-t-il fait savoir.