Un article traitant de la crise qui secoue depuis une dizaine de jours l'Assemblée populaire nationale (APN) sème la discorde entre le patron d'Ennahar et les Services de renseignement. Selon Ennahar, l'auteur de cet article objet de controverse, Ismail Djerbal en l'occurrence, a été interpellé par «des éléments de la caserne Antar» relevant d'une direction des Services de renseignement dirigés par Bachir Tartag. Sa libération est intervenue au bout d'une heure, sur ordre du procureur de la République, selon le même média. Il s'agit de l'arrestation la plus courte d'un journaliste, mais aussi la plus bruyante. Ennahar accuse ainsi les Services de renseignement d'avoir arrêté le journaliste de «manière arbitraire». Ce même média a diffusé un enregistrement d'une discussion téléphonique, pour le moins singulière, entre le patron du groupe, Anis Rahmani, et le chef de la caserne Antar, un certain colonel Smail. Ce dernier demande à Anis Rahmani de lui «envoyer» l'auteur de l'article pour lui poser des questions. Ce qu'a refusé le patron d'Ennahar, qui exige une convocation de la justice. Dans le même enregistrement sonore, on entend bien ce même responsable supplier le directeur d'Ennahar, qu'il semble bien connaître, de retirer l'article controversé. Mais il essuie de nouveau un refus. Le directeur d'Ennahar demande, avec dédain, à ce responsable, de ne plus l'appeler et de dire à son chef Bachir de ne plus le provoquer. Cet échange entre le patron d'un média, dont on dit qu'il est proche de la Présidence, et un sous-chef des Services de renseignement, peut constituer donc un indicateur du remue-ménage qu'il y a actuellement au sommet de l'Etat. Sinon, pourquoi un article reprochant aux Services de renseignement dirigés par Bachir Tartag de n'avoir pas fait en sorte de contenir la crise qui secoue l'APN et lui trouver une solution rapide provoque un tel soubresaut. Il y a bien anguille sous roche !