Ces pertes israéliennes, les plus importantes depuis la mort du président Arafat, le 11 novembre dernier, ont été enregistrées lors d'une attaque de la résistance palestinienne contre une position de Tsahal, près du poste frontalier avec l'Egypte. Cette attaque réussie, superbement planifiée, dans le plus grand secret, revendiquée par les faucons du Fatah, un groupe armé proche du mouvement Fatah et les brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du Hamas, dans un site très bien surveillé, est une autre preuve de la capacité des résistants à trouver des solutions, là où elles semblent impossibles. Des porte-parole des deux groupes armés responsables de cette opération militaire conjointe ont déclaré aux journalistes que leurs militants ont creusé un tunnel de 800 m, pour y déposer 1500 kg d'explosif, juste au-dessous de la position militaire israélienne ciblée. Les deux militants chargés de cette mission ne se sont pas suffit d'actionner la charge explosive, ils se sont accrochés avec les soldats israéliens venus en renfort. Selon des sources israéliennes, 4 soldats sont morts des suites de l'explosion, alors que le cinquième a été abattu lors de l'accrochage qui a suivi. L'un des deux militants a été tué lors de l'affrontement alors que le deuxième a réussi à se replier après avoir emporté un fusil mitrailleur appartenant à l'un des soldats israéliens tués. Des échanges de tirs se sont poursuivis pendant deux heures dans le secteur, ce qui a rendu difficile l'évacuation des blessés israéliens. Juste après cette attaque qui les a fortement ébranlés, les Israéliens ont imposé le blocus total à la bande de Ghaza qui a été découpée en trois zones distinctes. Le point de passage frontalier a été fermé aux voyageurs pour une durée indéterminée. Hier à l'aube, des hélicoptères d'assaut de type Apache ont bombardé un atelier de métaux ainsi qu'une maison vide dans la ville de Ghaza. Cette attaque semble être le prélude à une attaque israélienne plus importante. «Cette attaque n'empêchera pas Israël de mettre en œuvre son plan de désengagement (de la bande de Ghaza), mais ce désengagement ne pourra être coordonné avec l'Autorité palestinienne si elle n'agit pas contre les groupes terroristes», a déclaré le porte-parole du Premier ministre israélien Ariel Sharon, Raanan Gissin. La même journée, Mahmoud Abbas, le nouveau chef de l'OLP et candidat du mouvement Fatah à la présidentielle du 9 janvier, effectuait une visite au Koweït, où il a présenté des excuses au peuple et au gouvernement de ce pays pour la position de l'OLP lors de l'invasion irakienne. Cette position jugée pro-irakienne par les Koweïtiens, avait entraîné une rupture de fait des relations entre les deux parties. Les chances de Mahmoud Abbas arrivé, hier, en Arabie Saoudite, d'accéder à la présidence de l'Autorité palestinienne ont été, par ailleurs, renforcées par le retrait, dimanche, de Marouane El Barghouti, considéré comme son plus important rival. Marouane, secrétaire général du Fatah en Cisjordanie, emprisonné en Israël où il purge une peine de 5 perpétuités jouit d'une grande popularité parmi les Palestiniens qui le considèrent comme l'un des symboles de l'Intifadha. «Aujourd'hui, frère Marouane a décidé de ne plus être candidat à l'élection présidentielle», a déclaré Ahmed Ghneim, directeur de campagne d'El Barghouti, qui a lu devant les journalistes, une lettre dans laquelle El Barghouti, apporte son soutien à Abbas, le candidat officiel du Fatah. Il l'a appelé en outre à «maintenir l'option de l'Intifadha et de la résistance en la combinant à la négociation.» La candidature de Barghouti en tant qu'indépendant, déposée juste avant la clôture des candidatures avait poussé le Fatah à le menacer d'exclusion. Le mouvement palestinien n'a depuis cessé d'exercer des pressions pour qu'il renonce à se présenter. Le retrait d'El Barghouti de la course à la présidentielle évite au mouvement Fatah d'inévitables dissensions.